Docile, tu laisses le jardinier
te charger de paille, d'herbes
ou de branches mortes
Et tu attends. Tranquillement.
 
Habile, il sait où te délester
patiemment, proprement.
Puis voilà qu''il prend le chemin à l'inverse
Et tu roules légère sans grincement.
 
Maintenant ce sont des gravas,
des rebuts de toute sorte
et même un vieux, très vieux matelas.
Où te conduit-il en passant la Porte ?
 
Lui seul connaît le chemin
et la bonne heure.
 
Mais toi tu sais le poids
des matières, nobles ou vulgaires,
de la vie, de ses transformations
et même de ses petites morts.
 
Loué sois-tu, brouette,
qui va, qui vient,
m'apprend de toute chose la fin
et le renouveau !
 
C'est peut-être toi qui, un matin,
portera mes fameux trésors
au milieu du grand feu
pétillant au fond du jardin
 
Avant de t'élancer parmi les étoiles
pour porter tout là-haut
mes rêves les plus exquis...
 
Enfin, je vis !
 

Texte et photo : Lily Framboise