La libellule sur le toit

J’ai rencontré l’artiste coréen Kim en Joong lors d’une conférence à Angers, en 2003 je crois. J’avais admiré la reproduction en grand format d’une de ses peintures dans une revue; ses couleurs vibrantes et l’ampleur de son geste m’avaient rejointe. Lors de l’expo-rencontre, c’est sa voix qui m’a touchée. Douce, posée, sans affectation. Et l’homme était passionnant.
En fait, sa recherche est celle du blanc … A l’aide d’une perche, sur un support posé au sol, il étale les couleurs primaires au chiffon. Avec vigueur et précision. Pour aider à voir et à s’émerveiller du blanc. En tant qu’artiste dominicain, c’est une quête du “divin”, étant entendu que chacun peut lui donner un autre nom, Calme, Simplicité, Sobriété, Paix … Avec d’autres chiffons imbibés d’essence de térébenthine, il dilue ses couleurs, leur confère une certaine résistance, et ce travail manuel, cette “cuisine” disait-il, l’aide à trouver son équilibre dans une vie nourrie de spiritualité et de rencontres.

Au début de l’automne je voyageais avec deux personnes qui adorent parler de leurs sorties, de leurs voyages, de leurs lectures. Et ce jour-là, précisément, elles lisaient toutes les deux “Le Royaume” d’Emmanuel Carrère. L’une va à l’église régulièrement, l’autre non. Pourtant, elles partageaient le même enthousiasme pour ce bouquin qui commençait à faire parler de lui. Alors, lorsque j’ai reçu de Price Minister Rakuten la liste des titres pour les Matchs de la Rentrée Littéraire, je n’ai pas hésité longtemps. Juste quelques minutes face au nombre de pages et à la crainte d’être larguée par tant d’érudition.