“… peut-être n’y a-t-il pas d’autre paix pour l’artiste que celle qui se trouve au plus brûlant du combat. “Tout mur est une porte”, a dit justement Emerson. Ne cherchons pas la porte, et l’issue, ailleurs que dans le mur contre lequel nous vivons. Cherchons au contraire le répit où il se trouve, je veux dire au milieu même de la bataille. Car selon moi, et c’est ici que je terminerai, il s’y trouve. Les grandes idées, on l’a dit, viennent dans le monde sur des pattes de colombe. Peut-être alors, si nous prêtions l’oreille, entendrions-nous, au milieu du vacarme des empires et des nations, comme un faible bruit d’ailes, le doux remue-ménage de la vie et de l’espoir. Les uns diront que cet espoir est porté par un peuple, d’autres par un homme. Je crois qu’il est au contraire suscité, ranimé, entretenu, par des millions de solitaires dont les actions et les oeuvres, chaque jour, nient les frontières et les plus grossières apparences de l’histoire, pour faire resplendir fugitivement la vérité toujours menacée que chacun, sur ses souffrances et sur ses joies, élève pour tous.”

Albert Camus, discours de Suède, 14 décembre 1957


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Art et chapelles-  Pascale Messina, peintre et graveur, chapelle de la Constantinière, Soulaines-sur-Aubance 49
Eté 2014

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De grand et de fort
Ce que je pressens
Sous les pattes de la colombe

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