Prendre soin du vivant
Trois poules batifolent dans une cour amménagée pour elles au fond du jardin. Castille, Griseline et Nougatine sont des poulettes de l'année qui nous offrent des oeufs depuis la fin août. Mais à y réfléchir, elles nous offrent bien plus que cela...
Ce jardin où elles grattent, picorent, nettoyent leur bec, gonflent leurs plumes, ébrouent leurs ailes, se trouve à l'arrière de notre maison, en face des fenêtres de la cuisine et du séjour. Ainsi, le spectacle est quasiment permanent. Une s'élance parfois pour voler sur plusieurs mètres, se prenant peut-être pour un aigle, tandis qu'une autre s'applatit au sol en battant des ailes, pour signifier qu'elle attend le mâle. Plus tard, Nougatine, la rousse, déploie à la façon d'un éventail une de ses ailes, tout en tendant une patte vers l'arrière, pour le plaisir ou pour la forme. Et, au soleil, elle clignera de l'oeil avec sa membrane nictitante, fascinante parce qu'un peu transparente. (Oui, il s'agit d'une troisième paupière qui peut se clore de l'avant vers l'arrière, pour protèger l'organe de la vue et favoriser le travail des glandes lacrymales.) Griseline, elle, adore tendre le cou pour attraper des feuilles ou des branchettes dans la haie. Toute la journée, mes poupoules vont, viennent et s'activent à de menues bricoles qui les rendent très attachantes.
Peu après mon retour de vacances, fin août, les demoiselles ont arrêté de pondre dans leurs nids de paille, par elles arrangés, sur la mezzanine de leur poulailler. Ah !?? J'ai cru qu'elles me manifestaient de la mauvaise humeur par rapport à mon absence. Quelques jours plus tard, inspectant leur domaine extérieur, j'ai eu le plaisir de découvrir le pot-au-rose. Ah, les coquines !

Prendre soin du vivant est source d'étonnement, de joie. De petits tracas aussi... Mais le compagnonage nous décentre de nous-mêmes et s'avère des plus positifs pour le moral. Je me sens à travers lui reliée à mes parents, mes grands-parents et autres oncles et tantes qui possèdaient autrefois de petits élevages, et reliée à la chaîne humaine qui a besoin de liens multiples pour vivre et s'épanouir. Merci les poulettes !

Albert Anker (1831–1910)
Jeune fille nourrissant les poules - 1876
PS : Merci pour vos commentaires. Depuis le début de ce blog, fin juillet, j'y réponds plus bas sur la page. Peut-être certain(e)s ne l'avaient pas remarqué. Bonne journée.
Commentaires
Jolies poulettes...Comment font-elles pendant les vacances? Quelqu'un vient-il s'en occuper?
C'est tellement agréable de chercher les œufs.. prendre soin de ses poulettes comme de ses proches car elles font partie de la famille, je suis bien d'accord
Bonjour et merci pour ta visite. Tes jolies poulettes sont de bonne compagnie.
@ mimik : Merci pour les poulettes. Durant nos absences, nous avons des voisins (en face et à côté) qui sont de bons gardiens, de la maison et des animaux (chat et poules).
@ Sedna : Lever les œufs est un réel plaisir. Je les remercie à voix haute. Et nettoyer leur enclos et le poulailler n'est pas vraiment une corvée. Cela m'oblige à changer d'activités, ce qui est positif.
@ écureuil bleu : Merci. C'est plus facile de s'en occuper que d'avoir des vaches ou des éléphants, lol, même si elles ne sont pas très affectueuses. Quel plaisir de les observer !
Ah! les animaux! moi je les adore!Je n'ai pas de poules mais deux chats. Que du bonheur !
Observer les poules, tout comme j'observe les oiseaux, c'est un spectacle gratuit et toujours différent.
« Prendre soin du vivant est source d'étonnement, de joie. » Oui, tout à fait.
Nous n'avons pas de poules, mais le voisin en a, des poules rousses de race cou nu, et lorsque nous allons au jardin, elles accourent vers nous, nous leur donnons parfois quelques feuilles de salade, et elles le savent. :-)
Quand trois poules vont au champ, la première va toujours devant, la seconde suit la première, la troisième vient la dernière... Souvenir d'enfance qui fleure bon la vie à la campagne, du temps où l'on était pas envahi par la technologie. Merci pour tes descriptions attachantes des choses simples de la vie.
J'ai grandi à la campagne, à une époque où il était naturel d'avoir un poulailler. J'ai toujours connu le remassage des oeufs, les bruits du poulailler. Ma grand'mère leur avait même appris un tour. Elles devaient faire le tour d'une cabane avant d'avoir leur pitance ! Mais elles finissaient à la casserole ..
merci pour ces observations fines et pertinentes, j'avais l'impression de les voir évoluer... elles (les poules) ont à nous dire : notamment dans leur manière de vivre les saisons, leur famille et les relations avec nous... tu leur dis bon jour de ma part...
@ daniel : En prendre soin, les observer, les admirer, les comprendre, les aimer pour ce qu'ils sont nous aident à être reliés à la vie sous diverses formes et à mieux nous accepter nous-mêmes. La chatte, chez moi, commence à vieillir, mais elle tient encore le coup.
@ Françoise : Accueillir le vivant sur terre, dans les airs ou dans l'eau, nous fait "descendre d'un étage", c'est-à-dire que nous devenons plus incarnés, plus attentifs et plus décentrés de nous-mêmes. Les oiseaux, c'est tout un monde ! Chantant, coloré et "libre".
@ Sépia : Il est nécessaire d'équilibre garder. La technologie peut nous apporter beaucoup, mais il faut rester les pieds sur terre et être attentifs à l'essentiel, aux liens qui nous sont offerts.
@ Aifelle : Merci pour cette tranche de vie rurale. En levant les oeufs, je pense souvent à Antonine Maillet qui dans "Madame Perfecta" évoque l'importance. durant la guerre d'Espagne, d'avoir un oeuf dans sa maison pour le manger. Et je dis merci à mes poules.
un bel article apaisant. cela a été longtemps mon rêve :avoir des poules. mais un jour, mon voisin en a eu 2 en liberté qui m'ont vite comblée de bonheur. hélas, comme tout plaisir, cela n'a pas duré.. elles montaient dans les chambres sur la paillasse de la cuisine. je ne pouvais pas ouvrir une porte..en ce moment, j'ai 15 vaches dans le pré à 10m de ma cuisine, c'est super mais je n'ai pas d'oeufs.
Les poules en liberté sont rigolotes quand elles se chamaillent pour une feuille de salade. On dit qu'elles n'ont pas de jugeote, mais ce doit être faux. Car elles aperçoivent de loin ceux qui leur apportent le grain ou la pâtée. Et elles courent à toutes pattes pour se muscler les cuisses.
@ thé âche : Les poules ont une diversité de gestes, d'attitudes, qui les rendent intéressantes à regarder. Alain Rémond avait écrit un beau passage sur elles dans "Chaque jour est un adieu" où il raconte son enfance à la campagne. Après, les miennes n'ont pas de famille, puisqu'il n'y a pas de coq au poulailler, aussi elles sont obligées de composer avec des compagnes qu'elles n'ont pas choisies. Je peux dire qu'elles sont à la fois grégaires et un peu égoïstes. Mais c'est leur nature qui est ainsi.
cocottes , poulettes il y en a eu dans ma jeunesse girondine de ces volatiles mémé me montrait comment les endormir en les berçant sur ses bras croisés , en confiance la poule fermait les yeux mémé la posait alors à terre doucement pour une sieste prolongée chut il ne fallait pas faire de bruit nous avions des jeux simples dans les campagnes.
@ broutileb : Merci pour l'apaisement. Apparemment les poules du voisins devenaient envahissantes. Mais quinze vaches, ce n'est pas rien non plus ! J'espère qu'elles n'attirent pas trop de mouches, l'été. Mais visiblement, tu sembles te sentir en bonne compagnie. J'imagine que regarder ces placides ruminantes t'apporte une saine distraction.
@ Maria : J'ai souri en te lisant. Tout à fait ça ! Leur vue durant la journée est très bonne et de loin, contrairement à la nuit.
@ celadon7 : l'endormissement la tête sous l'aile, j'ai vu faire, mais pas sur les bras croisés. Des jeux simples qui nous reliaient à la nature, aux saisons et au vivant. Merci de ton passage.
Un joli message derrière ces trois poulettes...
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@ : Célestine : Cot, cot ! Bien d'accord ! Vivons reliés.