Un dimanche d’été, aux alentours de mes seize ans, je fus invitée pour la première fois de ma vie à aller à la piscine avec mes cousins qui habitaient tout près de chez moi. Roh, l’évènement ! … C’était au début des années 70, dans la campagne charentaise et la piscine la plus proche se trouvait à une vingtaine de kilomètres.
Le Nageur, 1877 Gustave Caillebotte (1848–1894) Musée d'Orsay, Paris
A huit ans et demi, j'ai commencé à aller à l'école d'un bourg, situé à onze kilomètres de la ferme familiale. Auparavant, je suivais des cours par correspondance avec l'aide de ma grand-mère, car nous habitions à trois kilomètres de l'école de notre village et nous n'avions pas de voiture, juste deux vieux vélos d'adultes et un cyclomoteur. Le maire signait donc une dérogation pour que je sois scolarisée à la maison. Mais, en octobre 65, un autocar de ramassage scolaire pour les collégiens a changé la donne.
Après quelques démarches, j'ai pu emprunter cet autocar qui me conduisait chaque matin devant l'école primaire du bourg, dans le bon créneau horaire. Mais le soir, la petite écolière finissait ses cours trois quarts d'heure avant le passage de l'engin. Un bourrelier qui habitait, avec son épouse, une maison non loin de l'école et sur le trajet du dit autocar, nous a été recommandé par la maîtresse, comme personne de confiance pour m'accueillir durant la petite tranche de temps entre 16h 45 et 17 h30.
Les bourreliers de Courthezon, pour illustrer l'article
En ce temps de préparatifs de fêtes, j'aime me remémorer quelques souvenirs d'enfance. Celui que je vais vous conter, faisant intervenir mon arrière Grand-Père, est hautement symbolique pour moi.
Paul Cézanne (1839–1906) "Fruits et cruchon", 1890
Musée des Beaux-Arts, Boston