Dès 1910, en Pologne, un homme ose affirmer que les enfants ont des droits, au même titre que les adultes. Janusz Korczak (prononcez Yanouch Kortchak), c’est lui, ouvre alors un orphelinat aux méthodes éducatives révolutionnaires. Toujours à l’écoute des plus jeunes, ce médecin, pédagogue et écrivain, a inspiré le texte fondateur des Droits de l’enfant. Pourtant qui connait cet homme ?

Vous dites :
C’est fatigant de fréquenter les enfants.
Vous avez raison !
Vous ajoutez :
Parce qu’il faut se mettre à leur niveau,
se baisser, s’incliner, se courber, se faire petit.
Là, vous avez tort.
Ce n’est pas cela qui fatigue le plus.
C’est plutôt le fait d’être obligé de s’élever
jusqu’à la hauteur de leurs sentiments, de s’étirer,
de s’allonger, de se hisser sur la pointe des pieds,
pour ne pas les blesser.
Janusz Korczak

Quand je redeviendrai petit (prologue)

Une bien belle citation à méditer sans cesse, sans tomber dans le mythe de l’enfant-roi !

Martin Gray, dans “Au nom de tous les miens”, a fait le récit de l’arrestation de Korczak avec 192 enfants, en août 1942. De même que Wladyslaw Szpilman dans le livre “Le pianiste” et que bien d’autres …

Gardant toujours sa joie de vivre et son amour des enfants à fleur de cœur, le “vieux Docteur” comme on l’appelait, avait annoncé à son groupe d’orphelins qu’ils étaient invités à une belle fête où il y aurait beaucoup à manger. Après la toilette, leurs plus beaux vêtements il leur a fait enfiler, et durant les trois kilomètres de marche à pieds pour rejoindre le train de la mort, confiants et joyeux, ils ont tous chanté à tue-tête. Au dernier moment, une autorisation écrite permettait à Korczak de rentrer, seul, mais il a préféré accompagner ses gosses jusqu’au bout.

Grâce au récit de Sophie Chérer, (dans un “Je lis des histoires vraies”* -Fleurus-Presse),
nous découvrons un peu plus l’humour de ce grand homme :
:

“Quand l’un d’entre nous ne mange pas assez et s’affaiblit, il (Korczak) fait comme s’il était de la nourriture :
- Mange-moi, par pitié ! Je suis tellement triste dans cette assiette ! je voudrais partir en vacances dans ton estomac !
Quand un autre n’arrive pas à dormir, il lui raconte dix histoires, j’ai bien dit DIX, une par doigt, et, à la fin de chacune, il souffle les doigts comme autant de chandelles. Et ça marche.”

Il importe de se souvenir que la générosité, l’humour, le don total,
peuvent éclairer nos vies, quelques soient
les époques, les religions, les frontières

* “La maison des orphelins”- Octobre 2009