Tout en contraste, le rapace
Par lilibellule le lundi 5 octobre 2015, 13:24 - Entre terre, ciel et eau - Lien permanent
Dans la suite de mon “Bestiaire de vacances”, voici le petit point noir aperçu sur la photo du dernier billet …
Environs de Sode (Haute-Garonne), août 2015
Sensibilisée aux rapaces, découvrant lors de nombreux spectacles de fauconnerie, leurs richesses, je m’émerveille.
Pourtant, plus fort et plus durable est le plaisir lorsque nous suivons des yeux ces grands oiseaux d’altitude …
en Liberté.

Lors de cette rando, comme bien souvent j’étais “armée” et pacifiquement j’ai tiré. Pas trop mécontente du résultat, d’autant plus que ce migrateur, qui passe six mois de l’année en Afrique, est le plus petit vautour d’Europe. Une taille adulte à peine plus grande que Fils-Aîné à la naissance, un poids par rapport à lui (sorti de mon ventre) divisé par deux, et une envergure de 1.50 mètre à 1.80 mètre. Vous imaginez la majesté du vol et sa légèreté !…
Au Pays basque, les paysans, les bergers, l’appellent parfois “la Dame Blanche (du chemin des vaches)”, en terre Béarnaise, c’est “la Marie Blanque”, comme le col du même nom.

Pour ma part, je préfère son nom véritable : Percnoptère d’Egypte.
Un nom singulier, amusant à prononcer, tiré du grec (tout comme “coléoptère”)
et qui évoque le noir de l’extrémité de ses ailes,
quand le reste de son plumage est blanc, blanc, blanc,
comme des oeufs en neige, un dimanche givré.
Étonnamment sa face nue semble être le masque d’or
d’un médecin de Venise durant la peste noire.
Percnoptère d’Egypte sur Wikipédia, Licence Creative Common
Le Père Knoptère se nourrit de cadavres d’animaux, de chairs faisandées, de lambeaux de peaux, de rognons d’agneau et autres mets tout aussi raffinés. Il apprécie aussi particulièrement les insectes attrapés en plein vol, les parasites - comme les tiques- arrachés à la peau des bêtes - ou qu’il va déloger des orifices où ils se tiennent bien au chaud - et les petits mollusques agrippés aux rochers. Surtout, il se régale, tenez-vous bien, d’excréments divers et variés qu’il va parfois quérir jusque sur le flanc des bêtes au pâturage. “Chut, bougez pas, je suis là juste pour une petite toilette. Pour vous décrotter, en somme !”
A Superbagnère, un joli couple dans le ciel :

Si j’ai passé des heures infinies à rédiger cet article,
j’imagine que c’est en raison des forts contrastes que cet animal porte en lui :
~ Majestueux et pourtant assez mal aimé …
~ Décrié, dénigré, alors qu’il est si utile, voire indispensable …
De quoi réfléchir !

En Egypte ancienne, le vautour était considéré comme LE purificateur sacré de la nature, détruisant déchets, ordures et immondices, avant que, sous le soleil, ils n’empestent en répandant toute sorte de maladies. Pour ce travail si salutaire d’éboueur, les lointains pharaons l’avaient proclamé dieu. (Pensez, aujourd’hui, le sort qui leur est réservé … aux éboueurs !) Et les magnifiques ailes noires et blanches du Percnoptère se prêtaient à merveille au rôle hautement symbolique de protection des hommes. Un dieu, vous disais-je, que l’on trouve à profusion gravé sur les bas-reliefs des temples et sur les papyrus. Ah, que de bons souvenirs !

Barque des mots, Egypte, 2007

Temple Egyptien, 2007, Adoration des rayons solaires par deux pharaons à corps de vautour

Hiéroglyphes et cartouche
La silhouette du Percnoptère était utilisée pour tracer le son [a] : aleph, correspondant à la première lettre de l’alphabet.
Aujourd’hui, je rêve d’un monde où les êtres et les valeurs mal aimés retrouveraient toute leur place.
Commentaires
J'ai rencontré le Percnoptère à Djibouti en janvier 2011, il planait tout près du sol à quelques mètres de nous dans la grande étendue du lac Abbé frontière avec l'Ethiopie. Plumage blanc au bec jaune d'or, bout des ailes noires, un belle envergure, et un silence total.
Je l'ai pris en photo mais sa vitesse est plus rapide que mes réflexes et il s'éloignait déjà.
Merci pour ton article qui m'a permis de me replonger dans mes photos de vacances à la recherche de cette photo.
Maintenant je saurai ce qu'est un Percnoptère
bonne soirée Lili
Intéressant. Que de la découverte pour moi, ornithologique, historique et culturelle. Merci.
Le combat n'est pas gagné pour les rapaces. Trouvé, il y a peu, sur un talus, une buse abattue par un chasseur en manque de gibier.
Bonjour.
Je comprends votre fascination pour ces grands oiseaux - qui effectivement n'en sont que plus beaux en liberté.
Je ne suis pas un spécialiste, alors j'ai apprécié la lecture de votre billet (qui m'a notamment appris un nouveau mot : percnoptère).
Non, le vautour n'est pas très populaire, car se nourrir de charognes - même si c'est extrêmement utile pour la nature, ça ne fait pas rêver.
Bonne journée.
Superbe billet bien fouillé pour nous présenter ce grand rapace si utile ...:-)
Bisous Lily
j'aime les rapaces et TOUS les rapaces, aussi bien diurnes que nocturnes. Bizzz des Caphys qui eux ne volent pas (saut dans les supermarkets parfois)
Oui, de toute évidence, il en faut..
mais j'ai un peu de peine avec ces prédateurs...
Amitiés
Jean
Grand merci pour toutes ces recherches, j'ai appris plein de choses sur ce dieu mal aimé.
Tes photos sont très réussies, je trouve difficile "d'attraper" ces planeurs en vol!
Je me suis demandé si son nom avait une quelconque relation avec le mot espagnol "pernoctar" qui veut dire "découcher"...(blague)
Bonne soirée Lily!
quel bel oiseau et la chance que tu as eu de l'observer. Très bel article, étant un admirateur des oiseaux, je te tire mon chapeau (à plumes) @ +
Le col de Marie Blanque je connais depuis le mois de juin, quand une amie m'a fait découvrir sa région. Tout comme toi j'adore les vautours quel qu’ils soient ! Ils sont gracieux et bien utiles. Je ne savais pas que dans les Pyrénées vivait le Percnoptère ! J'aime beaucoup la description que tu en fais. Ton article est raffiné ! Un régal de te lire. En Espagne, j'ai admiré tous les matins les vautours moines dans la région, la Rioja. Si un jour tu as l'occasion...