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Lors de cette rando, comme bien souvent j’étais “armée” et pacifiquement j’ai tiré. Pas trop mécontente du résultat, d’autant plus que ce migrateur, qui passe six mois de l’année en Afrique, est le plus petit vautour d’Europe. Une taille adulte à peine plus grande que Fils-Aîné à la naissance, un poids par rapport à lui (sorti de mon ventre) divisé par deux, et une envergure de 1.50 mètre à 1.80 mètre. Vous imaginez la majesté du vol et sa légèreté !…
Au Pays basque, les paysans, les bergers, l’appellent parfois “la Dame Blanche (du chemin des vaches)”, en terre Béarnaise, c’est “la Marie Blanque”, comme le col du même nom.

 

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Pour ma part, je préfère son nom véritable : Percnoptère d’Egypte.
Un nom singulier, amusant à prononcer, tiré du grec (tout comme “coléoptère”)
et qui évoque le noir de l’extrémité de ses ailes,
quand le reste de son plumage est blanc, blanc, blanc,
comme des oeufs en neige, un dimanche givré.
Étonnamment sa face nue semble être le masque d’or
d’un médecin de Venise durant la peste noire.

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Percnoptère d’Egypte sur Wikipédia, Licence Creative Common

Le Père Knoptère se nourrit de cadavres d’animaux, de chairs faisandées, de lambeaux de peaux, de rognons d’agneau et autres mets tout aussi raffinés. Il apprécie aussi particulièrement les insectes attrapés en plein vol, les parasites - comme les tiques- arrachés à la peau des bêtes - ou qu’il va déloger des orifices où ils se tiennent bien au chaud - et les petits mollusques agrippés aux rochers. Surtout, il se régale, tenez-vous bien, d’excréments divers et variés qu’il va parfois quérir jusque sur le flanc des bêtes au pâturage. “Chut, bougez pas, je suis là juste pour une petite toilette. Pour vous décrotter, en somme !”

A Superbagnère, un joli couple dans le ciel :

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Si j’ai passé des heures infinies à rédiger cet article,
j’imagine que c’est en raison des forts contrastes que cet animal porte en lui :

~ Majestueux et pourtant assez mal aimé …

~ Décrié, dénigré, alors qu’il est si utile, voire indispensable …

De quoi réfléchir !

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En Egypte ancienne, le vautour était considéré comme LE  purificateur sacré de la nature, détruisant déchets, ordures et immondices, avant que, sous le soleil, ils n’empestent en répandant toute sorte de maladies. Pour ce travail si salutaire d’éboueur, les lointains pharaons l’avaient proclamé dieu. (Pensez, aujourd’hui, le sort qui leur est réservé … aux éboueurs !) Et les magnifiques ailes noires et blanches du Percnoptère se prêtaient  à merveille au rôle hautement symbolique de protection des hommes. Un dieu, vous disais-je, que l’on trouve à profusion gravé sur les bas-reliefs des temples et sur les papyrus. Ah, que de bons souvenirs !

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Barque des mots, Egypte, 2007

 

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Temple Egyptien, 2007, Adoration des rayons solaires par deux  pharaons à corps de vautour

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Hiéroglyphes et cartouche

La silhouette du Percnoptère était utilisée pour tracer le son [a] : aleph, correspondant à la première lettre de l’alphabet.

 

Aujourd’hui, je rêve d’un monde où les êtres et les valeurs mal aimés retrouveraient toute leur place.