Je culpabilise, tu culpabilises, nous culpa...
Ressentir du regret vis-à-vis d'attitudes peu charitables que l'on a eu envers d'autres, qu'ils soient proches ou non, ou encore envers soi-même, est une émotion tout à fait normale montrant que nous ne sommes pas dépourvus d'empathie, isolés sous notre carapace ou pétrifiés par l'insensibilité.
Il arrive cependant que des regrets nous assaillent trop fréquemment et avec une violence durable. On parle alors de culpabilité, c'est-à-dire que l'on a enfreint, ou que l'on pense avoir enfreint, certaines lois morales significatives pour nous, pour notre entourage proche, pour le petit univers dans lequel nous gravitons, pour la société dans laquelle nous vivons. Cette infraction s'imprime dans notre mémoire émotionnelle et bloque le courant naturel de la vie.
Nous pensons que nous devons demander pardon aux personnes lésées, atteintes par cette infraction, mais la demande ne coule pas toujours de soi, lorsque la honte est trop forte, lorsque les "blessés" se trouvent loin, peu/pas réceptifs ou même décédés. Si, par chance, le pardon est accordé, il arrive que malgré cela, nous soyons encore perturbés, car l'estime de nous-mêmes est atteinte. Cela provient généralement d'une éducation trop stricte, où l'on a pas connu beaucoup d'échanges verbaux, où la pression éducative était trop forte pour de multiples raisons (milieu social, inquiétude parentale, histoire familiale qui se répète, etc.)
Certains individus, marqués par différentes formes de rejets, finissent par se sentir coupables de tout, sans parvenir à stopper à temps la machine. Ils pensent qu'ils sont responsables de la mauvaise humeur de leurs parents, d'un échec aux examens, du vol de leur vélo, d'une carie dentaire qui se manifeste, d'un(e) ami(e) qui s'éloigne, du conjoint, ou de la conjointe qui lâchent ses nerfs, ou même simplement de leur nature que les autres qualifient de rêveuse, colérique, froide ou trop lente... Il y a certainement un pourcentage de responsabilité, mais pas pour toutes les déconvenues qui s'abattent sur nous, et pas aussi élevé que nous le pensons.
L'anxiété, la dépression, favorisent une culpabilité excessive, parfois même extrême à travers la culpabilité de vivre.
Inversement, se sentir coupable de tout, entraîne des états anxieux, dépressifs, car nous nous punissons nous-mêmes.
Un des premiers moyens de sortir de cette spirale est de se rappeler régulièrement que culpabilité n'est pas vérité. Il convient de relativiser pour retrouver du souffle et de l'énergie. D'autant plus que cet état "maladif" ne procure de bien à personne et n'aide pas la personne engluée dedans à amorcer des changements de comportements.
Une fois la prise de conscience établie, on peut continuer à vivre comme avant, comme toujours (!!!), ou alors, on peut prendre son cahier - ou n'importe quel support - et écrire, dessiner, raturer... Laisser parler ce qui nous habite, sans entrave, sans question venant de l'intellect (du genre "pourquoi") et sans soucis littéraire ! La vie est tellement intelligente en nous qu'un jour la blessure, les blessures pourront s'écouler et s'assainir.
Johann Heinrich Füssli (1741–1825) "Le silence", huile sur toile, entre 1799 et 1801, Kunsthaus de Zurich. (Cet homme est un peintre et écrivain d'art suisse, naturalisé britannique.)
Commentaires
"La culpabilité est un sentiment irrationnel, le sentiment d'être responsable de tout le mal du monde. Le remords, lui exprime une nostalgie, le regret de ce qui aurait pu être et n'a pas été."
Antonio Tabucchi, artiste, écrivain, Traducteur (1943 - 2012)
Merci beaucoup de votre visite sur mon blog... belle journée
@Sedna : C'était une visite-plaisir. Merci pour tes mots, tes riches images. Belle fin de semaine !