Rencontre sauvage
Marchant sur les sentiers du bois de Pignerolle,
Soudain, sur ma droite, dans les taillis, les fourrés
J'aperçus un doux et jeune chevreuil à l’œil fixe.

Le bel animal sauvage me regardait et
Restait figé comme une antique statue, comme
l'enfant qui ne sait s'il doit rester ou partir.
Émue, durant cet instant suspendu,
Je pensais lui tirer discrètement le portrait,
Mais de son côté, il en trouva peu d'intérêt.
Bien plus, en trois pas, il me montra son derrière,
Un joli petit cul blanc en forme de coeur,
Puis il disparu dans un fouillis de branches.
Avançant sur le sentier, je songeais à cette
Ébauche de rencontre, dialogue confiant et muet,
Lorsque soudain un fier aïeul est apparu.
Qu'il était majestueux et beau, ce grand cerf !
Pourtant patiemment, sans bond, il s'est laissé faire.
Je crois qu'en lui-même, il riait un peu de moi.
Texte et photo : Cathie Flore
Commentaires
ces animaux ont beaucoup de raisons de se montrer méfiants....
Bel hommage à cet animal des forêts, beau, noble .. et peureux mais comme le souligne Thierry, il a bien raison.
Impressionnant ton grand cerf de garde ! Mais un peu "empoté"...
c'est un moment de pure existence.
Je l'ai connue cette rencontre avec un cerf, face à face et ça ne s'oublie pas. Belle photo et beau texte.
Très beau poème sur cette rencontre animalière. Des instants de grâce ! comme je les aime !
Mon enfance s'est passée dans une petite ville aux abords du Parc de Chambord... Ce moment est à la fois magique, inattendu, un temps suspendu !
De belles rencontres toujours émouvantes !
Tu racontes le moment avec des mots et des expressions adéquats. On voit ou on imagine la scène, on est saisis avec toi. Merci !
Les rencontres peuvent être fugitives. Heureusement l'arbre est patient. Un beau poème. Bises
@ thé âche : Hélas, j'apprends que demain matin aura lieu un nouvel abattage de chevreuils décidé par la Communauté urbaine. Ils prétendent que les animaux mangent les jeunes pousses d'arbres et les bourgeons tendres qui se trouvent à leur hauteur. De plus, avec leurs bonds, ils peuvent blesser des personnes, renverser des poussettes. Il faut réguler, disent-ils, ce qui revient à abattre 15 spécimens. Je suis dégoûtée.
@ Sedna : Tu peux lire ma première réponse ci-dessus. Je ne pensais pas qu'ils oseraient un tel carnage.
@ Francis : Impressionnant, majestueux... Juste un peu "emboisé"
@ broutilleb : Moment rare et intense. Qui reste dans la mémoire.
@ Aifelle : Fascinante est la vie sauvage. Malheureusement elle se réduit considérablement. Voir réponse à thé âche. Qu'aurons-nous à faire découvrir à nos petits-enfants et arrières ?
@ monique : Peut-être percevons-nous lors de ces rencontres que nous sommes vivants, vulnérables, avec une beauté qui est propre à chaque espèces. Autre est le renard, autre le sanglier. Et nous les hommes, les femmes, nous ne faisons pas toujours honneur à notre espèce. Pourtant notre intelligence nous donne des responsabilité. Chambord, j'ai visité le château, il y a quelques années. Un bel escalier, de belles pièces et le souvenir de nombreuses salamandres sculptées.
J'aime beaucoup ce poème qui dit avec tendresse et humour notre attachement à la vie. Celle qui est restée sauvage peut faire peur, mais elle a son entière place dans la nature. Une des "preuves" de son importance est l'émotion que nous ressentons lors d'un face à face. Inoubliable ! Cela interroge sur les distances trop importantes que nous avons prises avec le monde dit "sauvage". Je ne dis pas -évidemment- qu'il faille retourner vivre dans des cavernes, mais s'engager vers plus de simplicité, moins de béton, plus d'étendues boisées, etc.
@ daniel : Elles sont rares. J'ai vu deux ou trois fois des renards, quelques chevreuils bondissants et des lapins. Je ne parle bien sûr pas des oiseaux qui restent généralement plus loin. J'oubliais quelques chevaux en moyenne montagne...
@ Coline : Merci à toi aussi. C'est un plaisir pour moi et le partager me motive pour avancer, m'améliorer. Tristesse, le chevreuil que j'ai vu a ses heures comptées. Demain, les chasseurs viendront à l'aurore pour tuer, à la demande de la communauté urbaine...
@ Andrée : Très bien vu. Il n'y a pas plus patient que l'arbre et il ne dit pas non au photographe. Ha, ha ! Merci pour ton compliment. Bises
@ Maria : Tu as grandement raison. Ils sont trop draconiens dans leur taux d'animaux autorisés selon leurs critères (superficie du parc, fréquentation humaine, plaintes reçues dans les mois précédents...). Cependant j'avoue qu'un jour sur une route, de nuit, nous avons heurté un sanglier et que nous aurions pu y passer s'il y avait eu un mur ou des arbres en bordures. Les choses sont toujours complexes.
Photographier un chevreuil, c'est bien difficile... Mais par contre cet arbre tombé à point nommé est d'une beauté incroyable !
Lorsque j'ai la chance de croiser sur mon chemin celui d'un chevreuil ou d'une chevrette, ma journée en est illuminée, et je suis heureuse ! Ce sont des moments privilégiés.
La photo ne représente pas un chevreuil, mais elle est très belle, j'aime beaucoup.
@ Françoise : C'est un moment fort, qui procure une belle émotion : joie et crainte mêlées. Peut-être nos lectures d'enfant nous ont-elles laissés le goût de la rencontre avec ces animaux qui se raréfient. Mais la peur souvent nous figent sur place.