Un artiste ébloui de présence inconnue
Je ne sais où je vais, ni comment, ni pourquoi… Ce qui me mène au but est d’un autre que moi, mais je marche, ébloui de présence inconnue. »
Kim En Joong
Vitraux de Kim En Joong- 2006.
Crypte de la Cathédrale de Chartres
J’ai rencontré cet artiste coréen lors d’une conférence à Angers. J’avais admiré la reproduction en grand format d’une de ses peintures dans une revue; ses couleurs vibrantes et l’ampleur de son geste m’avaient rejointe. Lors de l’expo-rencontre, c’est sa voix qui m’a touchée. Douce, posée, sans affectation. Et l’homme était passionnant.
En fait, sa recherche est celle du blanc… A l’aide d’une perche, sur un support posé au sol, il étale les couleurs primaires au chiffon. Avec vigueur et précision. Pour aider à voir et à s’émerveiller du blanc. En tant qu’artiste dominicain, c’est une quête du “divin”, étant entendu que chacun peut lui donner un autre nom, Simplicité, Sobriété, Paix… Avec des chiffons imbibés d’essence de térébenthine, il dilue ses couleurs, leur confère une certaine résistance et ce travail manuel - cette “cuisine” disait-il - l’aide à trouver son équilibre dans une vie nourrie de spiritualité et de rencontres.
A Albi, Amiens, Poitiers, Chartres, Angoulême, Bénodet, j’ai pu voir, ensuite, plusieurs de ses œuvres peintes, sans me lasser. De ses toiles, de ses vitraux, émanent joie et contemplation. L’intellect se tait, les couleurs se rencontrent, se tiennent à distance, s’unissent… Un vibrant hommage à la vie et pour certain(e)s, à l’indicible mystère (de l’amour). Dans la crypte de la Cathédrale de Chartres, son art au service du vitrail lui a permis de réaliser, en 2006, deux œuvres pour le millénaire de Fulbert, évêque de la ville au XIe siècle.
Je termine avec une citationde Gustave Thibon, écrivain et philosophe (1903-2001) :
Ce n'est pas la lumière qui manque à notre regard,
c'est notre regard qui manque de lumière.”
Et bien sûr, je n'oublie pas de vous offrir le muguet porte-bonheur du 1er mai, cueilli dans mon jardin :
Commentaires
Soulages était en quête perpétuelle du noir, ici, c'est le blanc qui prend la place. je suppose une rencontre extraordinaire.. Ces personnes hors du commun nous racontent leur histoire dans leurs œuvres. magique !
j'aime beaucoup entrer dans les églises pour admirer les vitraux.
Merci pour le muguet déjà fané dans mon jardin.
la quête de la lumière c'est la quête ultime de l'idée de la pensée les couleurs nous aident à comprendre, saisir et les vitraux retrouvent l'idée originelle ?
Je préfère la quête du « divin » plutôt que la recherche d'un autre nom à lui donner comme ceux cités.
Le divin est une émanation de ce « plus que soi en soi » venant du plus profond et s'exhalant à l'extérieur par notre souffle, nos mains, notre corps, notre être…
Et merci pour le brin de muguet !
Il y a eu une exposition à la Cathédrale de Rouen il y a quelques années, mais je l'avais découvert avant, par hasard, dans une petite chapelle de Bretagne (il faudrait que je retrouve la localité). C'était superbe. J'aime énormément ses oeuvres. Merci pour le muguet et bon 1er mai.
Je ne connaissais pas cet artiste qui réalise une belle oeuvre empreinte de spiritualité. Je suis toujours admiratif de ceux qui créent.
C'est très beau et lumineux. Cet homme est inspiré dans le choix de ses couleurs et de ses formes.
Quelle merveille que ces vitraux, et surtout la déclaration de cet artiste ! Mais la lumière est présente aussi dans ton muguet, il est magnifique. Bon mois de mai !
Chacune de ses couleurs est tellement lumineuse qu'elle attire notre regard et illumine certainement les vieilles pierres suivant les heures du jour.
Il me parait si difficile de réussir à donner une telle force au blanc, mais cela renforce les teintes du bleu, du jaune et du vert; splendide !
Ton muguet est très beau et très parfumé, merci de cette délicate attention !
La recherche du blanc... c'est original. Moi, je le trouve dans les petits nuages au coeur d'un ciel couleur d'azur. Je le trouve aussi à travers certaines fleurs, les arums, le muguet, les lys...
Le blanc tout seul serait un peu ennuyeux. Vive les autres couleurs qui lui apportent leur vitalité ! Le plaisir des yeux (et de l'esprit qui regarde et voit) naît d'un bon équilibrage, sans ajout inutile.
je cherche à photographier la lumière et à m'en émerveiller chaque jour
@ Sedna : Une rencontre dont je me souviendrai longtemps, plus de par sa façon d'être que par ses mots. Oui, on peut établir un rapport avec Soulages, dans sa recherche sur le noir, ou recherche du noir.
@ thé âche : La quête de la lumière est vaste, parce qu'elle ne se borne pas aux plaisirs sensibles. Elle va loin dans les profondeurs de l'être, en passant par l'intelligence, la connaissance, la vérité, l'affectivité...
@ Alainx : Je suis assez d'accord avec toi, cependant quelqu'un qui est acteur de paix, réellement, autour de lui/elle, est sur le même chemin. De même pour ceux qui cherchent à vivre la simplicité du coeur, avec une réelle attention aux autres.
@ Aifelle : En te lisant, je pense à la chapelle du Perguet, sur la commune de Bénodet. Magnifiques vitraux que j'ai photographiés, ainsi qu'une toile, je crois, en se retournant après être entrés. La cathédrale de Rouen, quelle chance pour toi d'habiter non loin !
Merci de m'avoir fait découvrir cet artiste sud-coréen que je ne connaissais pas. Quand j'ai observé de près ces vitraux, la mise en scène de ces couleurs, j'ai pensé au travail de Fabienne Verdier, formée en Chine auprès de vieux maitres héritiers des anciennes traditions. Si Kim En Joong peignait au sol et étalait sa peinture au chiffon, Fabienne Verdier s'est spécialisée dans la même peinture au sol mais avec un pinceau gigantesque formé de plusieurs queues de cheval, pendu aux poutres de son atelier ! A bientôt pour de nouvelles trouvailles.