cheval-Paques

"Pour parler à un cheval, il n’y a pas besoin de mots.
C’est une étreinte charnelle qui alimente nos rêves."
Bartabas **

Longuement, consciencieusement, sa cavalière lui massait les avants-bras. Tellement important de récupérer après l'effort ! De ses deux paumes, elle lui enserrait les muscles, puis ses pouces remontaient en cercles, pénétrant l'épaisseur du cuir, apaisant l'animal. Certainement cherchait-elle les points de tensions, les froissements de muscles ou les éventuelles petites foulures. Mais il sautait aux yeux qu'elle créait en même temps, avec Choco, un lien privilégié. Une relation où le donner et le recevoir sont intimement liés, où l'animal est pleinement considéré !

Et pour moi, simple spectatrice,
ce beau moment restera longtemps dans ma mémoire.

Comme je me souviens, parfaitement, de ce jour à Bois Mignon où, après le déjeuner, je demandais :
- Il est parti Pépé ?
- Oui, répondit Mémé Alice, il est en train de passer le harnais aux chevaux pour aller labourer dans un champ, après la Sablière.
J'étais curieuse; je voulais voir ce qu'était le harnais, comment les hommes le passaient aux chevaux. Mais en même temps j'étais peureuse. Les adultes ne disaient-ils pas qu'il fallait se méfier, ne jamais, au grand risque d'une ruade, rester à l'arrière des bêtes !

Pépé était parfois irascible : "C'est pas la place d'une gamine ici !" tonna-t-il, lorsque, le harnais à la main, il m'aperçut dans les parages.

* Inutile de préciser qui est la demoiselle qui court vers ses vingt mois !
** "Bartabas, roman" de Jérôme Garcin