La soupe au caillou de Lily

Au temps où, dans les campagnes, les petits paysans allaient chercher l’eau à la rivière ou au simple ruisseau, les cruches, les pots, avaient toute leur importance. Ils devaient régulièrement être propres et bien entretenus.

Vivre avec ses grands-parents n’est pas toujours une sinécure ! Loin s’en faut … Passons sur le manque de souplesse pour aider à ramasser les jeux éparpillés au sol, sur les “Mais qu’est-ce que tu veux qu’on aille manger dehors ?” les dimanches radieux de la belle saison et divers autres conflits générationnels. Oui, passons; car le gros point noir c’est le ménage de Mémé ! Qui est souvent partie dans les champs, qui a mal au coeur, qui collectionne les migraines et qui finalement estime qu’à huit-neuf ans, c’est tout de même le temps de “s’y mettre”. Au ménage bien sûr !

Voici une toile drôle, énigmatique, fourmillant de détails tous plus cocasses les uns que les autres. Une toile extrêmement bien construite aux couleurs variant du blanc au rouge, à l'or (?) et au noir en passant par  le vieux rose, le jaune, les ocres, le bleu et les gris. Une belle harmonie dont le vert est exclu et nous comprendrons pourquoi.
Ce tableau, communément rapproché de La Nef des Fous de Jérôme Bosch, a longtemps été attribué à ce peintre hollandais du XVe siècle, bien que l'original ait disparu. Aujourd'hui les historiens d'art ont tout lieu de penser qu'il pourrait s'agir d'une copie de Bosch réalisée un siècle plus tard par Peter Brughel le jeune.

Les premiers animaux sur la terre, les poissons, les tortues, les gros lézards, les dinosaures, les oiseaux, etc., pondaient des œufs. De jolis petits cocos tout chô ! Enfin c’est une expression, ils sont froids pour ceux qui ont le sang froid, naturellement … Aujourd’hui, l’œuf, toujours source de vie, est aussi nourriture de choix et perpétuel sujet d’étonnement. Lily a conté aux lutins la rouerie du coucou qui pond dans le nid d’une autre oiselle, après avoir éjecté un de ses œufs et s’envole ensuite à tire d’aile vivre sa vie sans soucis; le dévouement du papa manchot qui maintient durant une éternité l’œuf de sa compagne au chaud sur ses papattes, en veillant bien à ce qu’il ne se brise pas sur la banquise, car la femelle n’en pond qu’un seul par an; la joie du vilain petit canard lorsqu’il découvre après moult quolibets et méchancetés qu’il est un beau cygne aussi majestueux que les autres. Elle s’est aussi mise en quête de proverbes, citations, petits poèmes sur ce thème. La récolte a été plutôt bonne …

Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore,
Le printemps naît ce soir, les vents vont s’embrasser
[…]
Alfred de Musset
“La nuit de mai”

Tout au long de sa vie, mais plus particulièrement durant l’enfance, la jeunesse, le petit d’homme a des rêves plein la tête. Celui-ci a des soifs de voyages et d’aventures, celui-là s’imagine en prince fort et puissant, cette autre en reine belle, aimante et bien- aimée … Quand on écoute ses rêves les plus fous, ceux qu’on n’ose même pas avouer, on se prend presque pour le soleil ou le maître de la terre. Ça fait du bien, libère des énergies et aide parfois à se dépasser.
Pourtant, seuls, nous ne sommes pas grand chose, vulnérables et souvent bien minuscules. Grandeur et petitesse de l’être humain, qui est pleinement, mais simplement une petite partie d’un vaste ensemble. Bonheur de croire en ses rêves, d’oser les exprimer tout en consentant à sa juste et modeste place.
Sur les modèles de :

“Je voudrais être le soleil,
mais je ne suis qu’un rayon”,

Ou

«Je voudrais être une fleur,
mais je ne suis qu’un pétale»

les lutins ont osé rêver avec humour …

Dans un courriel publié en grande partie sur le blog Ah oui, Alain Boudet nous interpelle sur un acte de vandalisme commis à la Suze, "village en poésie" du département de la Sarthe.

Vous n’avez pas la berlue ! Nous ne sommes qu’au premier mai et pourtant voici un court récit dont le titre sonne comme un cri de joie ou … de mauvaise augure !