Tous les quinze du mois, le Pépé de Lily se rendait à la foire de la ville en Mobylette. Il en rapporta un soir, à soixante-cinq ans passés, un paquet emballé et ficelé dans du journal. Avec une vague d'inquiétude dans les yeux, Alice le regardait déballer son emplette.
Souvenirs d'enfance
Toucher les feuilles
Grand-Père Antonin, le père de sa Mémé, vivait dans la maison de l'autre côté du hangar à bois, chez Yvette son autre fille ...
Le temps n'était pas encore si avancé que maintenant !... Mais les années 60 étaient cachées derrière un bouquet d'arbres, toutes proches.
Parce que certains souvenirs, parmi les plus anciens, acquièrent une valeur particulière, une cinquantaine d'années plus tard, quel bonheur la mémoire, lorsqu'elle dilate le cœur, cicatrice les plaies et laisse la tendresse s'installer ... Pour poursuivre le chemin, aujourd'hui !
Souvenirs d'automne
Elle avait toujours été appelée par un diminutif affectueux dans son enfance, Lily. À l'école, à partir de la huitième (*) - avant c'était "l'école à la maison" avec les cours Legendre - il fallut s'habituer à être appelée par son prénom et parfois même par le nom de famille ajouté dans la foulée. Les premiers jours, elle en ressentit un petit froid au-dedans d'elle, la sensation que que sa vie ne serait plus la même.
"L'école, ben, ça sert à se séparer de ses parents", avait exprimé un jour une élève dans un débat … Jolie réflexion d'une enfant de cinq ans !
"À chaque châtaigne qui tombe, je sursaute, je crois que c'est ma Lily, mais pas de Lily, seulement l'automne et sa mélancolie… C'est la vie, plus ça ira, plus tu partiras. Mais je ne m'y habitue pas encore", avait dit sa mémé en sarclant, assise sur un tabouret, les longs rangs du champs de fraises. Une petite brume avait doucement troublé les paillettes vertes de ses yeux. Bien sûr, c'est la vie !…
(*) Avant 68, les classes primaires étaient nommées de la même façon qu'au collège en descendant ou en remontant jusqu'à la onzième. Quelqu'un avait dit un jour à Lily qu'il existait même une douzième et une treizième …"Oh, la la ! J'le crois pas, s'était-elle exclamée, riant de bon cœur. Et pourquoi pas une quatorzième et une quinzième ?!"
Mobylette et vieux lavoir
De sa Mémé, elle a jeté à plusieurs reprises des souvenirs, des anecdotes dans la marmite de cette "Soupe au caillou". Il fallait donc bien qu'elle évoque aussi son Pépé, Hollandais, né en 1904 en Allemagne pour raisons économiques, réfugié en Hollande lors de la première guerre mondiale, puis arrivé en France au moment de la grande crise de 1929. Un homme plusieurs fois déraciné, veuf, un peu rude et bien trop secret ...
Le poids de la lune
Ol est pas lourd la lune,
Moé, i lé vue quèques foé,
Juste sur une feuille.
Dès foé, la feuille la porte !
Petits cailloux blancs de la mémoire
Après la plage, les rochers, petit détour imaginaire par le Bocage Vendéen, là où, dans les premières années du vingtième siècle, sa grand-mère avait vu le jour. La mémoire des chouans y était encore vivace, mais surtout le sentiment d'être différents des autres Vendéens de la Plaine ou du Marais. Pas de mésalliances possibles à l'époque, car les paysans du Bocage tout en étant plus pauvres ressentaient une grande fierté.
Pour Lily, les contes, historiettes, anecdotes de Vendée et principalement de ce coin autour de Mouchamps, constituent son trésor d'enfance, bien qu'elle n'y ait jamais vécu et seulement mis les pieds une fois. Tout simplement grâce à la magie des premiers récits entendus alors qu'elle portait des socquettes et des couettes !
Glaïeuls sur le vieux saloir
Des fleurs qui évoquent pour Lily des souvenirs, une personne…
Quant au saloir, ou au charnier comme disait sa mémé, elle l'avait toujours connu dans la cave, inutilisé, durant son enfance. Depuis des années, maintenant, elle aime le voir avec des plantes retombantes ou un bouquet posé dessus.
Les batteries ou l'importance d'un sourire
Courant juillet, durant sa petite enfance dans les années 60, (jusque vers 66), venait la fête des “batteries”.
Les framboises (suite et fin)
Revenir sur la culture des framboises, autrefois dans sa famille, laisser monter les souvenirs, les sensations, le plaisir et la fatigue du passé …
Deux petits sabots
Ce matin-là, son pépé l'a réveillée avec une joie inhabituelle : " Lily, lève-toi vite ! Et va cueillir un bouquet pour Mémé, c'est son anniversaire aujourd'hui ! - Ah, oui, le 23 juin !..."
Se souvenir, y trouver de la douceur et de la force. Se sentir en lien, par delà les années et bien sûr la séparation, puisque elle avait vu le jour en 1902.
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