Meilleur film pour enfants de tous les temps ?

Ainsi posée, la question met un peu la pression. Sans être ni spécialiste, ni fan de cinéma, je vais essayer d’y répondre avec mon vécu.

Trois mois avant de me marier, avec mon amoureux et deux moussaillon-moussaillonne de 8 et 9 ans - invités pour une journée de détente à la maison- nous avons décidé d’aller tous ensemble au cinéma. C’est ainsi que j’ai découvert “Le livre de la jungle”, son ambiance fascinante, inattendue, ses personnages nobles et attachants, drôles, repoussants ou cruels. Bien vite, grâce au rythme de la bande son, j’ai été conquise par la cascade d’aventures que vivait le jeune Mowgli, sous la protection de Baghera, des loups et avec la complicité tonique du bienheureux Baloo.

Un excellent moment doublé de tous les rires et découvertes partagées avec nos deux jeunots après la séance. -Ah, quand Baloo se grattait le dos contre l’arbre en chantant … Et la troupe d’éléphants, ils étaient trop marrants ! Alors on chantait et l’instant d’après on s’amusait à fixer l’autre en susurrant d’une voix gutturale :”Aie confiance ! Aie confiance ! ” Inoubliable !

Il m’a semblé que ce jour-là, avec humour, nous, petits d’hommes, avions gagné en modestie face à notre place sur la terre. Face à ce que beaucoup appelait “un milieu hostile”, la jungle.

Mowgli

Illustration de John Lockwood Kipling paru en 1895

Ces animaux éveillant la peur, ces bêtes dites “féroces” souvent traquées et tuées, pouvaient se montrer magnanimes envers les humains en protégeant un de leurs petits et plus encore en lui apprenant la vie, la joie, le courage, l’amitié, le respect …

Que Mowgli en approchant du village des hommes aperçoive une petite fille au pagne rouge et en soit rapidement émoustillé nous avait charmés. Parce que nous étions de grands enfants et bon public.

Bien plus tard, j’ai lu le livre de Kipling et j’ai mesuré la simplification opérée par les studios Disney. Ah, il faut lire absolument une fois dans sa vie le passage après la mort de Shere Khan où Mowgli se sent terriblement seul.

“La jungle m’est fermée, les portes du village aussi. Pourquoi ? … mon coeur est très lourd … mon coeur est très léger. Pourquoi ? Je suis deux Mowgli … Ahae ! Mon coeur est lourd de choses que je ne comprends pas.”

Cela m’a fait réfléchir à l’absence de questionnements et de critiques de nos sociétés dans les grands dessins animés qui revenaient régulièrement sur les écrans. Et aux sommes colossales d’argent en jeu à travers ces superproductions dont le but était de plaire au plus grand nombre. Ainsi j’ai cherché pour mes enfants et moi-même d’autres formes de sorties : danse, marionnettes, spectacles de contes, mime, théâtre, etc …

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Dans les souvenirs qui me restent des films vus avec nos propres moussaillons, je préfère d’établir un palmarès des agréables surprises, plutôt que d’élire Le meilleur film qui, de toute façon, n’existe pas.

01- Le livre de la jungle, malgré les réserves exprimées.

Le livre de la jungle

02- Monstres et merveilles, parce que c’est une excellente série avec des frissons, du merveilleux et un chien qui parle sans langue de bois. J’en voudrais encore et encore de ces courts métrages pour les amoureux des contes et légendes !

03- Peau d’âne de Jacques Demy, pour les décors, la fantaisie, le mélange des genres, le gâteau d’amour et les belles personnes qui nous font rêver.

04- L’âge de glace, pour l’immersion complète dans une époque peu connue, pour les dessins fabuleux d’animaux disparus et pour l’humour déjanté qui permet de rire aux éclats. Le dessin animé préféré de ma dernière qui vient d’entamer sa vingtième année. (Eh oui, déjà !)

05- Le petit Lord Fauntleroy (bien que l’image ait considérablement vieilli) pour la pertinence de ce gamin venu d’un quartier pauvre d’Amérique, qui parvient à toucher et désarmer son grand-père rigide qui aurait voulu qu’il entame son éducation de Lord. Drôle et touchant choc de cultures et de personnalités.

06-Le jardin secret, là aussi pour le charme désuet et l’émotion. Une orpheline venue d’Inde va transformer la vie austère d’un manoir anglais et redonner vie à son jardin grâce à une complicité pleine de poésie  et de fraîcheur. Tout ce que j’aime !

07- Croc blanc, pour l’aventure, le grand Nord et l’amitié entre un orphelin sensible et un jeune loup. Là encore le livre possède une profondeur et une qualité d’écriture qui nous emmènent bien plus loin que les images destinées à un public familial -malgré des scènes de violence assez dures lors des combats de chiens.

08- Kirikou et la sorcière. Parce que c’est un conte intelligent, qu’il met en valeur l’Afrique et qu’il est profondément généreux, à tout âge.

09- Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, pour la découverte du monde magique mais - terriblement glacé - de Narnia auquel quatre enfants vont accéder en entrant dans une vieille armoire. Un faune délicat en quête d’amitié, une famille hyper sympa de castors et bien d’autres êtres encore vivent dans ce royaume sous l’emprise de la terrible sorcière blanche. Mais le lion Aslan va accepter une douloureuse épreuve pour leur permettre d’accéder au printemps de leur liberté. Un beau conte de fantaisy, un peu gâché à mon avis par la longueur de la bataille finale, qui en fait un divertissement pour les plus de 8 ans

10- Willow, parce que j’ai été complètement bluffée par les Nelwyns (des nains) et les Daïkinis (les humains) dans cette histoire de bébé princesse menacé dès sa naissance en raison d’une prophétie. J’étais littéralement transportée, mais attention, ce film précurseur de la Trilogie de l’Anneau comporte une violence à réserver aux plus âgés, pas avant 8 ans en tout cas.

11- L’histoire sans fin. Voilà le film préféré de mon aînée née en 81. On y voit un garçon regarder la couverture d’un vieux livre chez un bouquiniste. Le titre “L’histoire sans fin” l’intrigue jusqu’à ce le vieux marchand lui dise :”Attention ! Ce livre-là est dangereux !” Il n’en fallait pas  davantage pour que notre gamin fourre rapidement l’ouvrage sous son paletot, en douce. Et lorsqu’il le lit, il est happé par l’histoire au point d’en devenir un héros qui aura pour tâche de défendre l’humanité contre le néant. Ici, les rochers s’animent, parlent d’une voix caverneuse et on rencontre des créatures toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Un peu sombre, mais fascinant.

12- La dernière licorne. Un dessin animé très esthétique pour une fable philosophique sur la tolérance et l’avenir des espèces. Avec un petit air de Miyazaki.  Ce film là, peu connu est pourtant un petit bijou. A voir et revoir !

dernière licorne

Ouf, ce billet m’a un peu pris la tête ! J’ai passé de nombreux jours à y penser, tout en étant obligée de faire des choix; j’espère que cela vous donnera envie de plonger dans l’un ou l’autre de ces univers, par votre lucarne préférée ou par les petits gribouillis que l’on trouve encore sur des pages reliées en livre. Dans un troisième billet, où je serai plus succincte, je vous parlerai encore des “Toiles enchantées” et du ciné. Amitié et à bientôt !