Les toiles enchantées
Connaissez-vous les Toiles Enchantées ? Cette assoc' offre gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou en situation de handicaps de voir des films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma. Une initiative que l'on ne peut qu'applaudir ! Jusqu'au 28 février PriceMinister - Rakuten s’engage à faire un don de 15€ aux fameuses Toiles à chaque fois qu'un blogueur publiera un billet relayant leur action. Si vous souhaitez participer vous aussi, vous trouverez les consignes vers la fin de ce billet.
Il nous est proposé de répondre à quelques questions sur notre relation au cinéma dans l'enfance. D'abord, mon premier souvenir du cinéma ?
Durant l'hiver 63, j'avais sept ans, mon grand-père est un jour revenu de la foire assez content de lui et légèrement excité. Il venait d'acheter une machine pour projeter des films fixes. Comme ça le dimanche après-midi, il pourrait en projeter dans la chambre, sur le mur blanc, et nous passerions un agréable moment. Mémé Alice qui, habituellement le dimanche, tricotait, raccommodait puis lisait quelques romans ou revues, a d'abord été surprise. Ah, son Nico, il avait de ces idées ! Mais pourquoi pas, après tout ? Ce serait l'occasion d'inviter les neveux qui voudraient et de boire ensemble un bon chocolat chaud.
Nous avons rangé et nettoyé la chambre, peut-être même ciré le parquet et attendu avec une certaine fébrilité la venue de nos invités. Nous avions fixé trois heures du tantôt et le temps m'a paru bien long jusque à ce moment-là. Les chaises étaient installées, les volets fermés et les bols installés sur la table de la cuisine depuis une éternité lorsqu'ils sont arrivés. Tata et tonton étaient-ils là ? J'ai oublié. Je me souviens juste que j'étais un tantinet fière d’accueillir ma cousine et deux cousins dont l'un avait déjà vingt ans. Pépé a annoncé le titre :"La Belle et la Bête" en disant que c'était un chef-d’œuvre. Aussitôt les gars ont pouffé de rire. "Nous, les gars, on est des bêtes ! Grrr!" - Bon, il va falloir vous taire ! - D'accord ! Les images ont défilé sur le mur de la venelle du lit de Pépé et de Mémé. C'était un peu étrange pour moi, mais en même temps je voulais goûter la joie de cette nouveauté. Hélas, je vous laisse juger des images !…
"Au bout de trois mois, la Belle supplia la Bête
de lui permettre d'aller voir son père."
- Ah, ils ont fait fort pour la bête !!! s'est exclamé l'ainé des cousins en allongeant les jambes malgré l'espace réduit. Un loup avec des cornes ! Ha, ha, ha ! Des cornes, il était cocu ! - Bon, vous allez vous taire ! - Oui, oui !… Du coup, silence jusqu'à la fin. Mais là, le cousin qui avait replié ses jambes, a marqué un petit silence poli avant de lâcher : - T'as vu ma pov' Lily ce qui t'attend ? - Ce qui m'attend ? - Ben oui, les filles doivent accepter de se marier avec des monstres. Les hommes sont des monstres, t'as vu les griffes, les dents ? Ah, c'est le destin !!!
Les Affreux !!! Ils m'avaient gâché-pourri ma séance de cinéma fixe … Bon, faut avouer que ces images ne valaient pas un clou ! Alors que depuis dix-sept ans existait une merveille, dotée d'une toute autre profondeur, avec poésie et humanité :
Dix ans plus tard, sur la fin des vacances de printemps, je déambulais dans les rues du bourg, à une douzaine de kilomètres de chez moi, lorsque j'ai vu le mot "CINEMA" peint au-dessus d'une porte grise assez quelconque. Un film était à l'affiche :
L'affaire Dominici … chez moi J'avais entendu des adultes en parler, j'étais curieuse de comprendre cette énigme, d'avoir mon point de vue à défendre dans une prochaine conversation. Et puis Jean Gabin n'était-il pas un acteur "au-dessus" de tous, magistral ?
Le dimanche "tantôt", prétextant aller voir une copine, j'ai enfourché mon cyclomoteur pour me retrouver dans la salle obscure à quinze heures. Les sièges en bois n'étaient pas d'un grand confort pour les fesses et je tendais le cou en avant pour bien voir l'écran. Mais la séance n'était qu'à cinq francs !
Pour ce qui est du scénario, je me souviens vaguement d'une première partie assez intéressante, mais l'intrigue s'était complexifiée par la suite et au moment du procès j'étais complètement noyée. Perplexe, je suis ressortie. Heureusement Jean Gabin, excellent en vieillard bourru, m'avait tout de même permis de passer un bon moment, dont je me suis empressée de parler le lendemain à mon voisin … en cours d'espagnol ! Avec l'air de celle qui allait régulièrement au cinoche voir de bons films. Ha, ha !
Ceci est ma participation à #1Blog1Séance.
Dans mon prochain billet, je vous parlerai à nouveau cinéma, avec mon palmarès de films pour enfants … (Vus à l'âge adulte avec mes n'enfants à moi.)
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Vous aussi pouvez faire un geste solidaire en participant à #1Blog1Séance (voir ici : http://bit.ly/1d7Og1o) ou en faisant directement un don si vous n’avez pas de blog.
Les Toiles Enchantées en quelques mots
Depuis 17 ans, l’association Les Toiles Enchantées sillonne les routes de France pour offrir gracieusement aux enfants et adolescents hospitalisés ou en situation de handicap des séances de cinéma dans leur établissement, en projetant les films dont tout le monde parle, au moment même de leur sortie en salle, voire parfois en avant-première, en présence des comédiens ou des réalisateurs !
Grâce à cette immersion dans des films de tout genre soigneusement sélectionnés, Les Toiles Enchantées permettent aux jeunes malades ou handicapés de briser leur quotidien, de s’évader, d’accéder à la culture et au divertissement des jeunes de leur âge, et de « se sentir comme tous le monde ».
Les séances de cinéma aident aussi à lutter contre l’isolement et le découragement en créant des rencontres et des connivences entre les enfants au travers des projections.
Le “vrai” cinéma à l’hôpital,
c’est un pied-de-nez à la maladie,
une fenêtre ouverte sur la vie, en numérique.
Commentaires
Quel beau souvenir tu partages avec nous à l’occasion du travail de cet organisme! :)
Ça devait être tout un événement et une surprise que ton grand-père vous avait fait !!! :D
J’imagine un peu ta fébrilité et ta déception à cause de ces cousins moqueurs qui ne savaient pas s’émerveiller
Une très belle action pour ces enfants ! Quel beau souvenir et drôle en plus ! Les images étaient vraiment pas engageantes, ni incitatrice au rêve ! La première fois que je suis allée au cinéma j’y suis allée à l’arrière d’une mobylette ! Mon frère, je crois en était le conducteur. Le ciné se situait à 3 kms et le film était “Jacquou le croquant” ! Quel âge j’avais ? Sans doute moins de 10 ans.
Bon weekend ! Bisous
Je souris à la lecture de cette première projection en famille ! Drôle et tendre, malgré les cousins moqueurs et la médiocrité des images !
Belle initiative humaniste que je salue fraternellement…
Super cette anecdote !
T’imagines 5 francs la séance :-O
76 centimes d’euros !
Curieuse des billets à venir
Bon dimanche bises
C’est beau ces souvenirs… Tu nous fais découvrir là une bien belle initiative, merci Lily. brigitte