Une grange, 3 billes et un cœur
Se modeler, petit à petit, un cœur qui sait donner, recevoir… Pas si simple ! En ce temps de fêtes, la tentation est grande de consommer, de se replier sur son avoir, alors que l'esprit de la fête est d'ouvrir son cœur.
Que ma joie demeure ! Un titre éloquent et un court passage :
"Le monde se trompe, dit Bobi. Vous croyez que c'est ce que vous gardez qui vous fait riche. On vous l'a dit. Moi, je vous dis que c'est ce que vous donnez qui vous fait riche. Qu'est-ce que j'ai, moi, regardez-moi."
Il se dressa. Il se fit voir. Il n'avait rien. Rien que son maillot et, dessous, sa peau. Il releva ses grands bras, agita ses longues mains vides. Rien. Rien que ses bras et ses mains.
"Vous n'avez pas d'autre grange que cette grange-là, dit-il en frappant sa poitrine. Tout ce que vous entassez hors de votre cœur est perdu".
Jean GIONO - Que ma joie demeure
Un livre à relire, en ces temps où nous apercevons, de façon cruciale, que l'homme a besoin de la nature pour vivre, qu'il est indispensable et urgent de revenir à plus de simplicité, de sortir du tout-industriel, sans pour cela sombrer dans la morosité. Giono a souvent été considéré comme un précurseur de l'écologie. Ses écrits recèlent une grande poésie liée à la nature, l'émerveillement et la générosité.
Plus proche des loupiots, une "intemporelle" que les parents ont fredonnée, à l'école… Extraite des "Fabulettes" de La grande chanteuse pour enfants des années soixante-dix, Anne Sylvestre :
Bel escalier, puis-je monter ?
- Mais oui, madame, il faut payer.
À la première marche que dois-je vous donner ?
- Donnez, donnez, Madame, tout ce que vous voudrez.
Je n'ai que mon mouchoir, me le faut pour pleurer.
- Donnez votre mouchoir, plus jamais pleurerez.
…
Bel escalier, puis-je monter ?
- Mais oui, madame, il faut payer.
À la quatrième marche que dois-je vous donner?
- Donnez, donnez, Madame, tout ce que vous voudrez.
Je n'ai plus que trois billes, les autres sont cassées.
- Donnez donc vos 3 billes, nous aimons y jouer.
…
Bel escalier, puis-je monter ?
- Mais oui, madame, il faut payer.
À la sixième marche que dois-je vous donner ?
- Donnez, donnez, Madame, tout ce que vous voudrez.
Je connais une histoire, je peux la raconter.
- Racontez votre histoire, nous aimons bien rêver.
Bel escalier, puis-je monter?
- Mais oui, madame, il faut payer.
À la septième marche que dois-je vous donner?
- Donnez, donnez, Madame, tout ce que vous voudrez.
Je n'ai que mon sourire, je vous le donnerai.
- Gardez votre sourire, ici tt le monde est gai.
Bel escalier, puis-je monter ?
- Mais oui, madame, il faut payer.
À la dernière marche que dois-je vous donner ?
- Donnez, donnez, Madame, tout ce que vous voudrez.
Je n'ai plus que mon cœur, après je n'ai plus rien.
- Donnez donc votre cœur, nous vous aimerons bien.
Commentaires
"C'est ce que vous donnez qui vous fait riche"...Je ne connaissais pas, ça va rester dans ma mémoire!
De Jean Giono, c'est surtout "Le Chant du Monde " que j'avais aimé, fouillé, et étudié avec mes élèves, en parallèle avec "Le Chant du Monde" de Jean Lurçat...Une belle expérience!
Un beau texte d'Anne Sylvestre! J'ai oublié ses textes, et pourtant, j'ai aimé, je l'ai vue et entendue! C'est bête les oublis...
J'aime beaucoup cette chanson d'Anne Sylvestre... Merci !
on s enrichit plus à donner qu'à recevoir
peut être pas au sens propre du terme
mais c'est un enrichissement plus important.
à bientôt
Merci de mettre Giono en lumière, avec cette belle photo et cet extrait de "Que ma joie demeure"... Giono est mon écrivain préféré, un second père pour moi...
Amitiés,
Clarélis
C'est très beau ce que dit Jean Giono, merci de nous donner cela à lire lily...bise, passe une bonne soirée...
Giono parle à mon coeur. Pour tes petits bouts, tu peux leur faire découvrir Giono au travers de l'homme qui plantait les arbres. Un petit texte mais si intense ...
Connais-tu Pierre Magnan ? un homme rude lui aussi et qui fut ami de Giono.
Il y a des chansons d'Anne Sylvestre que je n'aime plus parce qu'on en a abusé...mais tu me fais redécouvrir le charme de celle-ci...merci pour ce plongeon dans ma "jeunesse". Noël : en Profiter pour Donner...!
Pour que la joie demeure, il faut que le coeur s'ouvre grand....mais l'homme n'en a-t-il pas perdu la clé ?
Magnifique Giono qui berce de ses mots d'espoir !
Belle soirée Lily,un peu neigeuse.
Merveilleux d'associer Giono et ce livre là en particulier avec cette chanson d'Anne Sylvestre que je chantais petite fille et que je connais encore par coeur ...
Bisous de Bach aussi, que notre joie demeure et notre cœur s'agrandisse, toujours ...
Je t'embrasse ma chère Lily ...
Encore un bel article! Vraiment, superbe... délicieux! J'adore!
Dans la même veine, pas du tout poétique mais sociologique et philosophique, je lis actuellement : Apprendre à faire le vide. Pour en finir avec le "toujours plus", de Paul Ariès et Bernadette Costa-Prades.
"Moins de biens, plus de liens !".
Un livre très enrichissant qui explique aussi de façon historique comment notre société en est arrivée là.
Bonjour
Quelques mots pour te remercier de ta visite sur mon blog. Je suis ravie de découvrir le tien ! Moi qui suis une grande passionnée de littérature, je suis très sensible à ton article. J'aime beaucoup Giono.
Bises amicales et belle journée.
Je ne connaissais pas le bel escalier. A faire lire aux gremlins, pour sûr!
Petit proverbe indien qui rejoint ton joli billet "tout ce qui n'est pas donné est perdu"...
Anne Sylvestre c'est toute ma jeunesse, j'ai beaucoup écouté, et finalement, moi non plus je ne me souvenais pas de ce texte qui est très joliment écrit et poétique.
Je n'ai jamais lu Giono, c'est un tort et comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, je vais prévoir ça pour les mois qui viennent.
"Que ma joie demeure" un joli titre mais hélas, à l'époque où je devais le lire (j'étais en 2nde) je n'ai pas adhéré. Je ne devais pas être prête. De plus avec le prof de français le courant ne passait pas du tout... Il serait temps que j'y remette le nez !
En revanche Anne Sylvestre je l'écoutais en même temps que mes nièces ! Cette chanson je ne m'en souviens pas mais les paroles sont effectivement très belles.