Le sage, le dragon et le riz
Selon des croyances ancestrales chinoises, l'année du dragon promet courage et sagesse aux enfants nés durant son cours. "Sage parmi les sages" un homme a profondément influencé les mentalités bien au-delà de son époque et de son pays. A méditer en ces temps où certains craignent pour l'avenir et vont même jusqu'à croire des prophéties de fin du monde !!!
"Je ne cherche pas à connaître les réponses,
je cherche à comprendre les questions."
"C’est seulement quand l’hiver est arrivé
qu’on s’aperçoit que le pin et le cyprès perdent leurs feuilles
après tous les autres arbres."
Confucius
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Recevant ses enfants ce dimanche, Lily a eu l'idée de préparer un riz cantonais "à sa façon". Un riz dont on peut facilement varier les ingrédients, parfait en plat unique et excellent servi avec des cuisses de poulet.
Pour 4 personnes :
- 1 oignon haché sans pleurer
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2 gousses d'ail hachées
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1 dl d'huile
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300 g de riz
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200 g de petites crevettes décortiquées
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150 g de petits pois
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200 g de jambon coupé en petits dés - à supprimer si vous servez avec du poulet.
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sel et poivre
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3 œufs pour l'omelette
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de la ciboulette hachée
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1 petit bouquet de persil plat, si on en a dans le jardin
Préparation : 18 minutes
Cuisson : 12 minutes
1- Faites revenir l'ail et l'oignon hachés dans l'huile chaude. Ajoutez le riz, mélangez bien et laissez le tout s’imprégner quelques minutes.
2- Incorporez les crevettes, les petits pois (si vous avez une boite de conserve avec des carottes, coupez-les en petites rondelles) et les dés de jambon. Versez 6 dl d'eau bouillante avec un demi cube de bouillon de poule. Salez et poivrez. Couvrez et laissez cuire pendant environ 12 minutes, à feu doux. Remuez de temps en temps et si le riz accroche au fond, ajoutez un peu d'eau chaude.
3- Faites cuire l'omelette, coupez-la en lanières et intégrez-la au riz en mélangeant délicatement. Saupoudrez de ciboulette hachée et éventuellement décorez avec les brins de persil.
4- Servez avec des cuisses de poulet cuites environ une heure dans un plat à tajine ou une sauteuse avec de l'huile, de l'oignon, de l'ail, quelques champignons, de l'eau, du sel et du poivre. ~ Bon appétit ! ~
Souvenir août 2010 Tournoi international de Shogi à Shanghai
(rapporté par Fils aîné)
La pluie apporte
Le son d'une cloche
Dimanche chez nous
Ying Chen
Commentaires
Bonjour Lily,
Quelle merveilleuse association d’idée !
Une belle thématique qui nous vient d’Extrême-Orient.
… Enfin, pour ne pas dire de Chine !
- la sagesse : Confucius ;
- l’astrologie : l’année du dragon ;
- la gastronomie : le riz façon cantonaise ;
- les loisirs, les jeux de société : le shogi à Shangai.
… Où tout est raffinement.
Une bonne recette pour commencer l’année du dragon.
Merci Lily !
Un des plats favoris de ma “petite”, pourtant “élevée” dans la campagne charollaise! Voilà une idée parfaite pour le week-end prochain, natur’Lment.
OUI, tu nous gâtes, Lily ! La recette est notée (ainsi que cette belle interculturalité : le riz cantonais accompagné de poulet cuit dans le tajine… mais tu as raison, rien de tel que du poulet en tajine ! Ça ne rate jamais ! ). Et je suis d’accord avec ce bon vieux Confucius : Il faut beaucoup aimer les questions (je crois que c’est Rilke qui l’a exprimé ainsi dans sa Lettre à un jeune poète).
Quant au dragon si joliment peint sur le sac, je t’envie : j’ai cherché en vain, partout autour de moi, une image de dragon qui aurait pu servir d’association à mon ryôka d’aujourd’hui.
Et finalement : c’est ton premier ingrédient à la recette (1 oignon haché sans pleurer ! ) qui m’a rappelé un distique, écrit il y a longtemps, longtemps :
émincer un tas d’oignons
pour pouvoir pleurer en paix
amitiés
M.
je salive…merci
Ce que l’on prépare avec amour est toujours délicieux…et puis associée aux pensées de Confucius…
Ton billet fait remonter un rêve de la dernière nuit : un rang de petits pois avait levé au jardin. Je ne m’étonnais pas de cette levée, mais de sa parfaite régularité.
Pour l’heure, je note ta recette : j’ai quelques pois au congélateur de la récolte précédente et ce n’est pas Sigmund qui va préparer le repas.
J’avais regroupé le riz, les crevettes, les dés de jambon, mais quand j’ai vu ces petits pois qui avaient l’air de sortir du jardin, je n’ai pas pu me résoudre à les dénaturer. Ils ont cuit avec un oignon blanc et quelques feuilles de salade.
Et au palais, l’impression d’être en mai.
Les crevettes sauront patienter.
Quelle bonne idée, un riz cantonnais, j’aime beaucoup… Même si la cuisine et moi ça fait un peu deux :0)
Oui l’année du dragon est sous le signe de la puissance et chacun offre des étrennes, sous forme de billets factices. Le rouge et l’or sont le symbole de la joie et de la chance. On allume des pétards pour chasser les mauvais esprits. Tout ceci je le sais grâce à une amie qui m’a envoyé une jolie carte de sa composition à cette occasion. Le riz cantonnais une bonne idée délicieuse. Merci pour la recette !
Pour fêter cette année du dragon qui commence.J’aime bien cette légende du Nouvel an Chinois, je vous la livre :
Il y a longtemps vivait dans les cieux un monstre terrible et unicorne appelé Nian. Il descendait souvent sur terre pour y produire des ravages et terrifier la population.
L’Empire du Ciel décida de l’enfermer profondément dans une grande montagne mais lui laissa la possibilité d’en sortir une fois tous les douze mois, au nouvel an lunaire. Le monstre pouvait encore se venger et perpétrer ses méfaits à cette date.
Au temps ou les dragons puissants vivaient sur la terre et dans les mers, personne en Asie ne célébrait le nouvel an. Il y avait même un village, ou ce jour était le plus mauvais jour de l’année parce qu’un habitant avait tué un dragon des mers. Et tout le monde sait que c’est une chose terrible qui entraine le malheur car le fantôme du dragon revient hanter le village chaque année à l’aube de cette nouvelle année.
Lorsqu’il apparait, il secoue son horrible tête et hurle :
« Je veux manger. J’ai faim. Donnez-moi un de vos fils premier-né à manger! »
- « Non! non! Nous ne ferons pas ça Nous ne vous donnerons pas d’enfant à manger!” répondent les villageois en pleurs.
- “Alors je vous tuerai tous!”
Et le fantôme de dragon souffla très fort son haleine puante et brulante en direction du village.
La chaleur devient si intense et les fumées si opaques qu’on n’y voit plus rien. la fumée s’insinue partout, les villageois commencent à tousser, à cracher. Certains perdent même connaissance.
Un homme le plus sage du village, se rend compte que le fantôme du dragon va tous les faire tous mourir.
Il décide à contrecœur de faire ce que le dragon a demande, il donne un enfant premier-né pour sauver le reste du village. Et il espère qu’avec cette offrande jamais plus le fantôme du dragon ne reviendra.
Mais année après année, le fantôme du dragon revient et chaque année, une nouvelle famille doit sacrifier son fils premier-né pour satisfaire la terrible demande de l’animal.
Une année, c’est au tour de la famille Teng de sacrifier son enfant, mais la jeune madame Teng n’a qu’un seul enfant un beau garçon qui allait avoir cinq ans.
Comme le voulait la tradition, quatre jours avant le nouvel an lunaire, le guide « messager des rites et coutumes » quitte le temple et s’en va à travers le village jusqu’à la maison de la famille qui doit sacrifier son enfant. Comme il marche en direction de la crique des pécheurs, là où se trouve la maison de la Veuve Teng, tous les villageois se demandent avec hésitation,
“Où va-t-il cette année ?”
“Chez la Veuve Teng.” dit une femme
“Oh non pas chez elle. C’est son seul enfant !” s’écrie une autre, « elle a déjà perdu son mari emporté par la mer, elle ne peut pas encore perdre son enfant ».
Les voisins de la Veuve Teng se rassemblent autour de la maison. Ils s’attendent à entendre des cris de douleur au moment où elle apprendra la terrible nouvelle. Mais rien. Aucun son ne parvient de sa petite maison. Lorsque le messager est reparti, ils se précipitent pour voir ce qui se passe. Ils la trouvent assise dans sa cuisine.
- “oh !, il ne vous a rien dit ?”
- “si, il m’a dit,” a répondu la femme calmement.
- “Mais pourquoi ne pleurez-vous pas, ça serait normal ?”
- “Parce que je n’ai pas de temps pour pleurer” leur dit la madame Teng.
-” il faut que je trouve une façon de rouler le fantôme de dragon. Il n’aura pas mon fils.”
Pendant trois jours et trois nuits, elle essaye d’établir un plan. De temps en temps, elle fait une pause et elle regarde son fils qui joue dans la cour. Elle vénère ses ancêtres et tous les dieux dont elle connait les noms. Lorsque son fils s’endort, elle s’assoit à côté de lui et lui caresse doucement le visage, lui qui ressemble tellement à son père. Elle part même consulter les anciens, et chacun dans le village. Mais personne ne sait quoi faire. La situation semble désespérée.
Lasse d’attendre, de tant de recherche, et démoralisée, elle s’endort épuisée sur le sol devant l’autel de ses ancêtres. Son fils qui l’avait vue se dit qu’il ne devait absolument pas la réveiller car elle rêvait peut-être et il ne voulait pas lui couper son rêve…
Il a bien fait, car effectivement sa mère rêvait. Et parce qu’elle n’avait pas du tout dormi depuis trois jours, des rêves lui venaient dans un ordre décousu. Elle voyait des dragons et des fantômes, la peur et la crainte, des enfants innocents et de la douleur, elle voyait du sang et des grands bruits et puis de la joie le tout tourbillonnait dans sa tête.
Quelque heures avant le lever du soleil, elle s’éveille et doucement secoue sa tête encore douloureuse d’avoir tant rêvé. Et alors, le miracle se produit. Les images décousues se rassemblent et elle a su ce qu’il fallait faire.
Les dragons de son rêve avaient peur de deux choses : peur de la vue du sang et peur des bruits violents. Quand quelqu’un a peur, il s’enfuit en général en courant.
Mon plan sera simple : Je mettrai du sang sur ma porte et je ferai tant de bruit que le fantôme du dragon sera effrayé et partira en courant…”
“Du sang ……. mais je suis si pauvre que je n’ai pas même un poulet à tuer pour prendre son sang. Alors elle prend son couteau le plus pointu et se coupe le doigt, elle laisse les gouttes de son sang couler sur un tissu jusqu’à ce que toutes les gouttes le recouvrent entièrement. Alors elle prend le tissu et l’accroche à l’extérieur, sur sa porte.
Maintenant faire des bruits violents…… Les pétards ça seraient le mieux mais je n’en ai pas. Je suis si pauvre que je ne pourrai pas en acheter. Elle réfléchit et pense aux bambous. Elle sait que lorsque des morceaux de bambou brûlent, ils se fendent en faisant un bruit épouvantable. Elle prend son couteau pointu elle s’en va dans le froid pour couper une douzaine de grands morceaux de bambou. Elle les place devant sa porte juste au-dessous du tissu taché de sang. Ainsi disposés en pyramide, ils brûleront rapidement et éclateront tous à la fois.
Quand faudra-t-il allumer le feu ? Juste à temps. Ni trop tôt, ni trop tard. Afin qu’ils éclatent dans le visage du fantôme du dragon. Elle allume une petite torche et s’accroupit devant sa porte et attend la venue du dragon.
Elle attend et attend. Elle a l’impression qu’aujourd’hui le soleil est gelé.
Tout est calme, si calme, que le seul bruit qu’elle entend, se sont les battements de son cœur. Finalement la lune et les étoiles ont commencé à disparaître du ciel.
Faiblement, au loin elle entend le hurlement du fantôme du dragon.
“Est-il temps d’allumer le feu ? Non, le fantôme du dragon est encore trop loin.
Dans le village tout le monde est tapi dans son lit sous les édredons et les couvertures. Personne ne dort sachant que la madame Teng attend le fantôme de dragon. Seul son fils dort du sommeil d’un ange sans se rendre compte de rien.
Et puis un hurlement, le fantôme du dragon est en bas du village. Il est temps pour elle d’allumer le feu. La Veuve Teng prend sa lanterne, elle l’incline vers la pyramide de bambou et l’enflamme.
Elle entend la terre qui tremble sous le poids du fantôme du dragon qui marche vers sa petite maison. Il descend à présent sa ruelle, il s’approche…
Arrivé devant chez elle, le fantôme s’arrête devant la maison et en voyant le linge taché de sang, il s’est mis à hurler si fort que tous ses os ont tremblé. Au même moment, le feu de bambou a éclaté. Le fantôme du dragon terrifié par la vue du sang humain et les bambous qui éclataient s’est enfui en courant à travers le village.
Et la Veuve Teng ? Elle s’est assise et de grosses larmes se sont mises à couler sur se joues.
Tous les gens du village accourent. Les cloches se mettent à sonner et de tous les côtés, les gongs célèbrent ce grand jour tandis que les pétards font éclater la joie !
C’est pour ça que chaque année, dans chaque village, on met des papiers rouges autour des portes pour figurer le sang de la veuve Teng et on allume des pétards bruyants à l’aube pour tenir éloigné le fantôme du dragon et ça marche car depuis ce jour là, le fantôme du dragon n’est jamais revenu.