Légende Argentine
Connaissez-vous le maté ? J'en ai dans le buffet un plein sachet, à côté du coffret à thé; à moins que ce ne soit à côté de la boite à café. Je l'avais acheté l'an dernier, puis mis de côté, et aujourd'hui j'ai envie de raconter … (Poil au nez !)
L'origine du maté
Une fois, ce n'était pas hier, mais il y a fort longtemps - avant que les cailloux ne prennent la parole et puis la perdent - au pays des Guaranis. Une fois, donc, un vieil homme et sa petite-fille arrêtèrent leurs pas incessants pour s'installer près des chutes de l'Iguaçu. Las, ils étaient las de voyager avec leur tribu nomade et en ce lieu tranquille, où ils trouveraient à boire et à manger et ne manqueraient de rien d'essentiel, ils souhaitaient rester, se poser.
Un jour de soleil de plomb, un marcheur inconnu, épuisé, s'approcha d'eux et les salua. Le vieil homme et sa petite-fille prièrent le visiteur de partager leur modeste repas et de se reposer sous leur toit. Après s'être rassasié et avoir dormi un bon bout de temps, l'hôte dévoila, sans manière, son identité. C'était Thupa, lui-même, le dieu de la bonté, venu sur la terre pour voir un peu comment se comportaient les hommes, les femmes et le petit monde de l'époque. Imaginez la surprise du vieillard et de l'enfant !
Devant leurs bouches bées, Thupa sourit et dit que de leur gentillesse, il était vraiment touché. Oui, ce p'tit repas partagé resterait dans sa mémoire ! Et en plus, il avait pu faire une sieste, pfft … Comme un bébé ! A l'ombre, au moment même où le soleil dardait ses rayons les plus zélés ! Pour remercier une telle générosité, Thupa décida de faire pousser une plante, à l'endroit même où ils se tenaient.
<--["Koehler's Medicinal-Plants'' 1887]
Cette plante possédait des feuilles de grandes qualités. Elles avaient la particularité, une fois préparées, d'assouvir la soif et en même temps, quelques soient les circonstances, elles faisaient disparaitre le sentiment de solitude. Et surtout, elles permettaient de toujours bien accueillir les amis, les vagabonds, les étrangers.
Thupa, dieu de la bonté - et on va le voir du bon thé ! - apprit à l'homme et à celle qui lui survivrait tout ce qui concernait ces feuilles précieuses, qu'il nomma lui-même Herbe de Maté. Enfin, il désigna les Guaranis gardiens de la plantation.
Depuis ce temps reculé, les Argentins cultivent toujours le maté, et ses feuilles ils font macérer, pour une boisson très prisée à n'importe quelle heure de la journée. Ils ont aussi conservé un grand sens de l'hospitalité, de l'amitié. Pour ce qui est de la solitude, avec les siècles, la plante a peut-être perdu un peu de ses vertus … Il faudrait retrouver le plant d'origine, ou alors que Thupa revienne.
Thupa ? Quel drôle de nom ! Chez moi, on disait : "Tout ce qui ne tue pas, rend plus fort !" Ha, ha !!! Quant au Maté, on l'appelle aussi Thé; "Thé des Jésuites" pour être exacte. Moi j'y ai goûté, c'est un peu particulier. Mais faut avouer que l'art et la manière de le siroter, hé, hé, ça doit tout changer !
L'histoire est dite ! Santé !
Adaptation de Lily Framboise d'après une légende Argentine
"… le maté est une boisson avec laquelle j'entretiens des relations d'amour-haine." Bruce Chatwin dans "La sagesse du nomade" (Grasset - 2012)
Commentaires
Merci pour la légende que je ne connaissais pas ! Par contre la préparation, oui, je connais beaucoup de sud-américains qui habitent ici. ET cette préparation est un vrai rituel, long et “sacré”. Ils sont maniaques, prennent tout leur temps … comme pour leurs “asados”.
Faut dire que les dieux ne sont pas pressés … pourquoi le seraient-ils d’ailleurs ?
Beau weekend Lily !
Un billet plein d’à propos …!
Alors avec toi je papote :
”Les argentins cultivent toujours le maté. Ils ont aussi conservé un grand sens de l’hospitalité, de l’amitié. Pour ce qui est de la solitude, avec les siècles, la plante a peut-être perdu un peu de ses vertus …”
Ne crois-tu pas que se sont les qualités d’hospitalité, d’amitié qu’il faudrait à nouveau faire infuser et consommer sans modération …!
J’aime tes histoires Lily
Belle journée à toi … Bisous
Désormais, le maté me fera toujours penser à cet autre film, argentin
http://www.youtube.com/watch?v=gBTg…
Une histoire toute tendre et toute simple d’apprivoisement, de ne plus rester seul(e), qui se passe presque entièrement dans la cabine d’un routier, autour d’un thermos de maté…
Hélas le genre de film très peu distribué !
Bel hommage interlinéaire à l’émouvant évènement historique de mercredi 13 mars ce billet…
ce ne sera pas une soupe, mais une tisane, j’ai trouvé du maté en sachet, mais cela a beaucoup moins de charme sans la cérémonie.
oui, comme Mathilde, je dirai qu’il faut surtout faire infuser le sens de l’hospitalité et de l’amitié
bon week-end, Lily
belle histoire !
Je connais le maté, j’en bois et j’aime son goût, mais j’ignorais cette belle histoire et la cérémonie qui accompagne la préparation de ce divin breuvage. Je ne verrais plus les choses de la même façon, merci Lily, j’adore apprendre, surtout quand poésie et divin s’invitent ! Bises. brigitte
Parfois j’ai maté, je l’avoue je le con fesse, mais toujours en toute discrétion, Je repasserai tiens !
Histoire divine pleine de poésie !…A consommer sans modération
Toujours un régal tes contes et tes légendes, tu es une conteuse née :0) De grandes vertus ce maté, mais je n’en ai jamais encore goûté…
Une bien belle histoire comme j’aime ! Le maté je n’en ai jamais goûté mais entendu parlée par une de mes nièces qui a vécu en Argentine. A ta santé alors ! Contente de revenir après une longue absence, te rendre visite, lire tes billets toujours aussi passionnants. Bises
C’est l’histoire que l’on boit en fait et avec une conteuse comme Lily, j’en reprends bien en corps, bon ou pas ;) et je suis d’accord avec Mariane, oui pourquoi l’Argentine hein hein ;)
Maté, calebasse et bombilla… Un billet qui me touche particulièrement car ma grand-mère avait passé ses 30 premières années en Argentine, et toute mon enfance fut bercée par sa nostalgie !
As-tu vu le reportage de mardi dernier “les 500 bébés volés de la dictature” ? Edifiant et fort triste, une page de l’histoire d’Argentine mal connue du reste du monde… Bon week-end à toi.
Et bien, j’en ai appris des choses ici. Je connaissais le goût du maté bio que je préparais comme le thé en bonne Française, pas à la chinoise. J’ai été en Chine et là-bas, on m’a expliqué comment bien préparer le thé mais pas facile de prendre les traditions d’autrui.
Merci pour toutes tes explications.
Bonne journée.