Qui peut savoir ?
"Très loin, au plus profond du secret de notre âme,
un cheval caracole …
un cheval, le cheval !"
D.H. Lawrence
Pour ce conte chinois, que je ressors de mes cartons, j'ai choisi un langage simple, avec des phrases courtes. Autant que possible, je voudrais m'approcher d'une façon authentique de dire, de rejoindre celui découvre, qui "entend" les mots aptes à réveiller en lui des images. Car ces images possèdent une force, celle de nous transporter ailleurs. Pour mieux vivre ici !
Écoutez voir !
Un modeste paysan, à l'esprit tranquille, vivait dans des temps reculés au nord de la Chine. Non loin de son village s'étendaient des steppes, régulièrement traversées par des guerriers nomades.
Cet homme paisible, un soir, est rentré de la foire en sifflotant avec les oiseaux. A ses côtés, au bout d'une longe, marchait une superbe pouliche, vraiment superbe, qu’il venait d'acheter à un prix raisonnable. Enfin raisonnable, à vous de juger ! Il avait tout de même déposé cinq ans d’économies dans la main du vendeur ! Mais, lui, cela ne l'empêchait pas de siffloter en avançant d'un pas léger.
Quelques jours après cet achat, l'animal qui constituait désormais toute sa richesse, s’est échappé vers la frontière. L’affaire s'est sue dans le village et les voisins sont venus tour à tour plaindre le fermier. "Quelle malchance, ils disaient, vous voilà bien malheureux !" Lui, haussait les épaules et répondait simplement :
- Les nuages cachent le soleil, mais apportent la pluie. D’un malheur naît parfois un bienfait. Qui vivra verra !
Trois mois plus tard, dans l'or du couchant, la jument est réapparue avec un magnifique étalon sauvage caracolant à ses côtés.
Elle était grosse et revenait vers son maître. Les voisins se sont précipités pour féliciter l’heureux propriétaire :
- Ah, vous aviez raison d’être confiant. Vous aviez perdu un cheval, vous en gagnez trois, quelle aubaine !
Lui, le modeste paysan, dans un demi-sourire, répondait :
- Les nuages apportent la pluie nourricière, et parfois l’orage dévastateur. Le malheur se cache dans les plis du bonheur. Laissons passer le temps.
Les jours ont passé. Le fils unique du paysan a pris plaisir à dresser l’étalon fougueux et à le monter. Mais … il n'a pas tardé à faire une chute bien sentie. Une chute où bien d'autres se seraient rompu le cou. Curieusement, lui, s’en est tiré avec juste une jambe cassée. Aux voisins qui venaient à nouveau l'abreuver de paroles, le sage paysan a simplement livré le fond de sa pensée :
- Calamité ou bénédiction, qui peut savoir ? Chaque jour, la vie apporte son lot de changements depuis ma jeunesse.
Quelques semaines plus tard, mobilisation générale dans tout le district ! Il s'agissait de tenter de repousser une invasion mongole. Courageux, pas courageux, tous les jeunes gens valides devaient partir combattre, ignorants l'issue du combat. Grâce à ses béquilles, le fils unique du paysan, s'est trouvé dispensé de prendre les armes. Bien entendu, ni lui, ni son père ne s'en sont plaint.
Cette histoire a-t-elle une fin ?
Allez savoir …
Moi, ma chandelle, elle s'est éteinte.
Alors, bien le bonsoir !
Adaptation personnelle (Lily Framboise) d'après "Les chevaux du destin”, extraits des “Contes des sages taoïstes” de Pascal Fauliot, Éditions du Seuil.
Commentaires
C’est plein de sérénité cet histoire, je l’aimais déjà, et là plus encore.
Puissions- nous atteindre le quart de cette sagesse.
C’est l’objectif de toute une vie ! Mais je suis encore trop impatiente pour l’approcher.
Cet homme est plein de sagesse, qu’il serait bon de lui ressembler et de comprendre que la vie est un perpétuel mouvement
Que de sagesse dans la façon d’ appréhender les évènements qui ne dépendent pas de lui…La roue tourne sans nous et aussi avec nous…et comme le dit souvent Alexandre Jollien
” tout a un sens “…même si dans l’ instant on ne comprend pas…:-)
Alors n’ oublions pas leurs leçons : Carpe Diem…
Bisous Lily
Un très joli conte rempli de paroles sages et confiantes en la vie ! J’aime beaucoup. Il est pour moi un rappel de l’essentiel à ne pas oublier et auquel j’ai du mal me conformer ! Une manière de ne plus être victime de son sort…Merci Lily pour cette belle interprétation ! Bisous et beau dimanche quel que soit le temps ;)
Aborder la vie avec confiance, prendre les choses comme elles viennent, sans doute le secret du bonheur ! Cela parait simple, mais les hommes sont si compliqués !
Quelle formidable histoire, un exemple pour nos vies à tous et à toutes. En faisant confiance à la vie, on reçoit beaucoup, il nous faut ouvrir les yeux du cœur… Bises et merci Lily. brigitte
encore moi -
- Ode aux chevaux pour toute une année.
Le Nouvel An chinois nous plonge dans l’année du cheval.
Ce conte nous conduit dans la civilisation vénérable nous venons d’entrer dans la 4712 ème année du calendrier chinois.
Magnifiques leçons de vie! je crois que je vais relire ton conte tous les jours, il ne peut que me/nous faire du bien,m’aider / nous aider à relativiser heurs et malheurs.
Bonne journée, et pas de nuages aujourd’hui…mais demain?
Bonjour Lily, je retiens de ce conte cette phrase
“Le malheur se cache dans les plis du bonheur”
En ajoutant que le bonheur se cache dans les plis du malheur…une belle raison de ne jamais désespérer !
Douce journée,
Michèle
Un beau conte empli d’une saine sagesse… Et un bel hommage au cheval, pour qui c’est l’année chinoise qui commence. Cela tombe bien ; je suis cheval et mon mari aussi :0) Bises Lily, bon week end