Ils sont revenus les gros boutons...

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J'ai rencontré récemment un poète, au bord de l'eau. Il était assis et méditait. Parfois, il écrivait quelques lignes, mais on sentait que le plus important de son temps se passait dans l'observation du monde aquatique et de son atmosphère. Tard, chaussé de grandes bottes, il est sorti de son îlot et, à ma demande, m'a chuchoté son prénom : Brunetto.
Marchant sur les sentiers du bois de Pignerolle,
Soudain, sur ma droite, dans les taillis, les fourrés
J'aperçus un doux et jeune chevreuil à l’œil fixe.
Après Andrée Chedid et son appel à l'audace à répondre au baiser de la terre, à vivre d'espoir, voici l'énergie d'un autre poète d'aujourd'hui nous invitant avec ardeur à chérir l'impossible. Malgré nos raisonnements étroits et tous les vents contraires.
C'est l'hiver, la saison du repos dans la nature et pourtant... elle travaille ! Pour nous, humains, ce n'est pas le moment de baisser les bras, de sombrer, de déprimer. Nous pouvons nous imprégner de cet extrait de poème d'Andrée Chedid - décédée le 03 février 2011- accompagnant des photos de ciel, de terre et d'eau.
Jolie rose de janvier
Tandis qu'au jardin tu
T'exhibes comme si c'était
L'été ou l'automne
Le froid vient nous saisir
Tel un homme affamé
Une noix
Qu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix ?
Qu'est-ce qu'on y voit ?*
Carl Larsson (1853–1919) "Brita en Iduna (Iðunn)",
la déesse de l'éternelle jeunesse, dans la mythologie nordique.
Un court poème pour ces jours-ci...
La cellule d'or (1892)- Odilon Redon (1840–1916) British Museum
Parfois, je rencontre des personnes qui me racontent combien elles vont être occupées et même surbookées pour les Fêtes. Entre les derniers cadeaux à dénicher, la déco qui n'est pas terminée, les volailles à commander, la cafetière qui vient juste de rendre l'âme et le beau-frère qui doit venir avec une nouvelle compagne et ses trois enfants encore petits... Bon, il y a aussi une recette à absolument tester avant le jour J. Et puis bien sûr les ados qui veulent inviter des copains et aller à la patinoire le 23, précisément. Ils resteront dormir jusqu'au 24 et partiront vers 11 heures... C'est un peu la panique parce que dans la chambre d'amis y'a des travaux et du nettoyage à faire, etc. etc.
C'est la vie et ses rendez-vous festifs "à ne pas manquer."
Mais moi, j'aime aussi garder du temps pour d'autres rendez-vous. En voici un, descendu d'une étagère, que je redécouvre avec joie :
30 novembre ! Rôh, c'est le dernier jour pour évoquer cette vieille histoire, une Histoire de Jardin. Bientôt vingt-cinq ans que je l'ai écrite ! Émotion. De plus, le bouquet de Gustave mettra de la couleur dans la grisaille ambiante.
Gustave Caillebotte (1848–1894)
"Vase aux glaïeuls"
Frits Thaulow (1847-1906 )- Village au bord d'un ruisseau
Aujourd'hui, beaucoup de personnes suivent les infos télévisées avec une certaine avidité. Il faut être au courant de tout, le jour même et avoir vu. Les guerres, les catastrophes, le cours de la bourse, les magouilles, les scandales, la fonte des glaciers et les petites bêtes qui envahissent notre capitale. Oh, je ne dis pas que se tenir informé n'est pas important, mais que cela prend parfois trop de place dans nos pensées. Et aussi que dans la vie, dans nos vies, se cachent beaucoup de beauté, d'émotions, de partage, d'entraide... qui pour se révèler ont besoin que l'on prenne le temps de les regarder avec attention. Le monde n'est ni tout noir, ni tout blanc. Romain Gary n'écrivait-il pas : "le blanc, c'est souvent le noir qui se cache et le noir, c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir" dans "La vie devant soi", publié en 1975 ?
J'ai trouvé une poésie qui, à mon sens, englobe des contraires, et, qui plus est, avec beaucoup de finesse et de fraîcheur.
Milford on sea (Hampshire) avec, en face, l'île de Wight
J.M.W. Turner (1775–1851) - Tempête de neige en mer (1842)
Je laisse s'envoler avec le vent ma vieille peau,
Tout le fatras pour l'embellir ou la cacher.
Je laisse s'envoler avec les feuilles mes papiers
Inutiles, encombrants, chargés de trop de mots.
Depuis quelques jours, j'avais un poème en tête; il évoque le rêve, mais aussi les mains et le fait de veiller... A force de le mâchonner, j'ai pris le temps de regarder mes mains, celles autour de moi, puis, à mon tour, j'ai écrit mon rêve. Enfin, les grandes lignes...
Subrepticement au milieu du quotidien, en traversant le jardin ou en jetant les yeux à travers la fenêtre, une éclaircie se lève en moi, une joie ineffable me traverse (ou me caresse). Et si, au lieu de mettre mon mouchoir dessus, je la prenais au sérieux, la laissant s'étirer, prendre sa place à l'intérieur, la laissant éventuellement me parler, me chuchoter...
Eugène Manet à l'Ile de Wight (1875) par Berthe Morisot (1841–1895)
Paris, musée Marmottan Monet
A travers ces oiseaux discrets, une ode à la paix qui n'est pas simple béatitude tranquille...
La valse des feuilles colorées a démarré.
T.Voekler :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Changement_de_couleur_des_feuilles#/media/Fichier:Silver_maple_5058.jpg
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